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Petru Groza

Petru
Groza a été l’une des personnalités politiques roumaines les plus complexes de
la seconde moitié du 20e siècle. Né en 1884, dans le département de
Hunedoara, situé en Transylvanie, Petru Groza suivra les cours de la faculté de
Droit et d’Economie politique de l’Université de Budapest, puis de celle de
Leipzig, où il décroche son doctorat, en 1907. Avocat, il commence sa carrière
politique au sein du Parti national roumain, fervent défenseur des droits des
Roumains de Transylvanie, alors partie de l’empire d’Autriche-Hongrie. Sa
carrière politique prend un tournant en 1918,
lorsqu’on le voit rejoindre le Parti du peuple, puis le Front des agrariens.
Antifasciste résolu dans les années 30, Petru Groza se rapproche de la gauche de
l’époque, s’alliant au Parti socialiste et au Parti des Magyars, mais il se
rapproche également des communistes, mis hors la loi en 1921. Ce rapprochement
marquera sa carrière politique, relancée de manière spectaculaire après
l’occupation soviétique de la Roumanie, durant la seconde moitié de l’année
1944.

Petru Groza
Petru Groza

, 04.11.2019, 13:18

Petru
Groza a été l’une des personnalités politiques roumaines les plus complexes de
la seconde moitié du 20e siècle. Né en 1884, dans le département de
Hunedoara, situé en Transylvanie, Petru Groza suivra les cours de la faculté de
Droit et d’Economie politique de l’Université de Budapest, puis de celle de
Leipzig, où il décroche son doctorat, en 1907. Avocat, il commence sa carrière
politique au sein du Parti national roumain, fervent défenseur des droits des
Roumains de Transylvanie, alors partie de l’empire d’Autriche-Hongrie. Sa
carrière politique prend un tournant en 1918,
lorsqu’on le voit rejoindre le Parti du peuple, puis le Front des agrariens.
Antifasciste résolu dans les années 30, Petru Groza se rapproche de la gauche de
l’époque, s’alliant au Parti socialiste et au Parti des Magyars, mais il se
rapproche également des communistes, mis hors la loi en 1921. Ce rapprochement
marquera sa carrière politique, relancée de manière spectaculaire après
l’occupation soviétique de la Roumanie, durant la seconde moitié de l’année
1944.






Et
c’est ainsi que l’on voit, le 6 mars 1945, le gouvernement rouge dirigé par
Petru Groza, porté au pouvoir par les soviétiques, en dépit de la résistance acharnée
et légitime du roi Michel. A partir de ce moment-là, la Roumanie se voyait
entrer, et ce pour 45 ans, dans la sphère d’influence soviétique. Sous la
férule du premier ministre Petru Groza, la propriété privée se voyait bannir
progressivement de Roumanie, les partis politiques étaient supprimées, à l’exception
notable, bien évidemment, du parti communiste, devenu parti unique, la
monarchie était abolie pour laisser la place à la république populaire, enfin,
les anciens hommes politiques, les intellectuels et tous ceux qui pouvaient
représenter un quelconque danger pour le parti communiste se voyaient tout
simplement jeter en prison et dans des camps d’extermination. L’image de Groza se
moue ainsi d’une figure marginale du monde politique bourgeois vers la figure centrale
du régime communiste instauré en Roumanie à la faveur des chars de l’Armée
rouge.






Mais
qui était-il au fait ? Qui était en vérité ce personnage à l’apparence
débonnaire, mais aux manières douteuses ? Après 1989, les historiens n’ont eu de cesse
d’essayer de déceler la vérité, à travers les contours flous et contradictoires
laissé par le passage de l’homme à travers l’histoire récente de son pays.
Parmi les sources de choix, évidemment, l’histoire orale des témoins oculaires.
Parmi ces sources, citons d’abord sa fille, Maria Groza, devenue assistante et
principale confidente de cet homme politique aux mille visages. Elle se livrait
en 1995, dans une interview accordée au Centre d’histoire orale de la
Radiodiffusion roumaine.




Mia Groza se souvient de la lutte acharnée livrée
par son père pour garder le pouvoir : « Il
y avait des tendances contradictoires qui se manifestaient à l’époque. La
réforme agraire, par exemple, c’est l’un des sujets qui lui tenait à cœur. Puis
ce qui se passait en Transylvanie vers la fin de la guerre, surtout les
événements qui ont eu lieu à Cluj. Concernant la question agraire, il n’était
pas partisan des kolkhozes, il savait ce que représentait pour le paysan d’être propriétaire de son lopin de terre. Mais bon, il y avait tout ce contexte, et la
pression des soviétiques de surcroît. Au plan externe, il voulait renouer les
liens avec les Etats voisins, dans le contexte de l’après-guerre. Il disait, je
cite, « on peut être de bons amis avec je ne sais quelle puissance, mais
l’essentiel c’est d’avoir de bons voisins ». Et c’est pour cela qu’il
s’était rendu personnellement dans tous les pays voisins, y compris à Moscou,
évidemment. Moi, je l’avais accompagné lors de ce voyage, mais je n’ai pas
assisté à l’entrevue qu’il a eue avec Staline. C’est qu’un soir, nous sommes
allés ensemble à l’Opéra, au Bolchoï, qui mettait en scène des spectacles
extraordinaires. Lui, il adorait l’opéra. Et donc, on était dans notre loge, et
l’émissaire de Staline est venu le chercher, là même, à l’Opéra, et a invité
mon père à rencontrer le généralissime. Il est allé sur le champ, et ils sont
longtemps restés discuter des problèmes qu’avait la Roumanie à l’époque et de
ses perspectives ».







Pamfil Ripoşanu, ancien
ambassadeur et membre du Parti national paysan de Iuliu Maniu, ce parti qui
s’est érigé comme l’une des oppositions politiques les plus redoutables au
processus de soviétisation de la Roumanie, avait été ami d’enfance du premier
ministre communiste Petru Groza. Le regard qu’il portait en 1995 sur cette
amitié et sur la personnalité de Petru Groza, à la fois ami et adversaire
politique, est empreint de nostalgie.






Pamfil Ripoşanu : « J’étais dans le bâtiment du
gouvernement au mois de mars 1945. Il y a avait des négociations entre les divers
partis politiques pour la formation d’une nouvelle coalition de gouvernement.
Et alors que ces négociations avançaient d’une manière satisfaisante, Groza m’appelle
et me dit de regarder par la fenêtre. Et je vois des chars soviétiques défiler
sur Calea Victoriei, l’avenue de la Victoire, juste devant le bâtiment de la
présidence du Conseil. Et c’est au moment où Groza me demande « que faire ? »
que l’on annonce l’arrivée de l’émissaire de Staline, Vâchinski, accompagné
d’un général qui traduisait. Et Vâchinski dit d’emblée à Groza: « Je vous
apporte le message du grand Staline, qui vous demande de former le
gouvernement. Ce n’est que lorsque vous seriez à la tête du gouvernement
roumain, que la Transylvanie sera rendue à la Roumanie ». La convention
d’armistice, signée à Moscou par Vişoianu, précisait déjà que le territoire de
la Transylvanie, en entier ou en sa plus grande partie, revenait à la Roumanie.
Mais Vâchinki faisait miroiter la possibilité d’obtenir la Transylvanie entière.
Groza a voulu vérifier et il a appelé Staline. Et on lui a confirmé que, en
effet, 48 heures après qu’il ait formé le gouvernement, la Transylvanie
reviendrait à la Roumanie. Groza était forcément rouge et extrêmement
ému ».





Les décisions prises à
l’époque vont marquer pour longtemps la destinée de la Roumanie. Pamfil
Ripoşanu poursuit : « Après le
pacte scellé entre Ribbentrop et Molotov,
la partie nord de la Transylvanie avait été cédée aux Hongrois. Et alors, après
avoir appelé Moscou, Groza me dit : « Je vais de ce pas au Palais, pour annoncer mon agrément au
Souverain. Toi, vas chez Maniu, et dis-lui ce à quoi tu as assisté ici ».
J’y suis allé, j’ai rapporté à Iuliu Maniu, le président de mon parti, la
teneur de la rencontre à laquelle j’avais assistée, avec Vâchinski. Cela
l’avait mis dans tous ses états. Deux heures plus tard, Groza nous rejoint,
chez Maniu. Lui aussi était extrêmement agité. Et Groza plaide auprès de Maniu,
pour que ce dernier rejoigne la nouvelle formule de gouvernement. Il lui
dit : « Monsieur le président, ne me laissez pas seul ». Le
président était Maniu. Mais Maniu refuse, et il dit à Groza : « Petre
Groza, je n’entre pas au gouvernement. Et je vous conseille de faire de même.
Ce serait dommage de salir votre réputation et votre nom. J’ignore où se trouve
votre épouse, parce que j’aimerais l’appeler et lui demander de vous faire
entendre raison ». A ce moment-là, Groza est sorti de ses gonds, il tape
du poing sur le bureau de Maniu, et lui crie au visage, je cite :
« Monsieur le président, je jette aux oubliettes mon nom, pourvu que je
puisse aider mon pays, ne fut-ce que pour 5 minutes ! Mes enfants n’ont qu’à
changer de nom, s’ils le veulent! ». Et c’est ainsi que cela s’est
passé. »







Petru Groza est mort en 1958,
à 73 ans. Le régime qu’il avait aidé à s’installer lui survivra encore 31 ans,
jusqu’au mois de décembre 1989. (Trad. Ionut Jugureanu)

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