Les changements climatiques face à la désinformation
La désinformation sur les changements climatiquesest un obstacle majeur pour l'adoption de politiques efficaces de protection de l'environnement et pour la transition vers une économie durable. Malgré le consensus scientifique sur l'impact des activités humaines sur le climat, de nombreuses fausses théories continuent de circuler dans l'espace public, influençant les perceptions et les comportements des citoyens.

Daniel Onea, 19.06.2025, 10:13
La désinformation prend de multiples formes :nier le réchauffement climatique, minimiserles effets de l’activité industrielle, promouvoir l’idée que le changement climatique est un phénomène naturel cyclique ou distribuer des théories du complot. Celles-ci sont souvent diffusées via les réseaux sociaux, les plateformes média alternatives ou des sources qui ne vérifient pas les informations qu’elles publient. La lutte contre ce phénomène a besoind’une approche complexe, fondée sur une information précise, l’éducation et la collaboration institutionnelle. La première étape consiste à promouvoir l’éducation scientifique et média au sein de la population. Les citoyens doivent comprendre comment la démarche scientifique fonctionne, que signifientles preuves validées et comment distinguer les sources crédibles des fausses.
Selon Adina-Eliza Croitoru, enseignante à l’Université Babeș-Bolyai et membre du projet InfoClima, il y a des projets visant à améliorer la communication.
« Il y a un projet de recherche financé par la ligne de financement européenne Horizon. Premièrement, nous, les personnes travaillant dans le domaine des changements climatiques, nous apprenons à mieux communiquer le langage scientifique de l’expertise. C’est parfois complexe. Les meilleurs spécialistes nous l’enseignent. Avec nos partenaires étrangers, italiens, allemands et belges, nous essayons d’améliorer notre communication et, parallèlement, de créer des guides, des informations de base et de définir les termes. Nous menons également un projet à Cluj, qui nous a réservé quelques surprises. Nous nous promenions dans différents quartiers, dans les lieux fréquentés par les habitantspendant le week-end, et nous essayions d’aborder ces problèmes avec eux de manière informelle, conviviale et accessible à tous. J’ai découvert des informations que je n’aurais pas imaginées aujourd’huien tant que chercheuse. Par exemple, j’ai utilisé un terme simple et presque classique pour désigner un spécialiste : « Net Zero », « Net Zero City », une distinction dont la ville de Cluj a été récompensée. Alors, quelqu’un a demandé :« Comment imaginez-vous, les chercheurs, que nous pourrions vivre sans Internet dans cette ville très développée de Cluj ? Alors qu’en réalité, moi je parlais de la pollution. »
Bref, tous les termes fréquemment utilisés par les spécialistes ne sont pas connus ou compris par le large public, ce qui montre à quel point une communication efficace au niveau de la population est nécessaire, sinon urgente.
Mais pourquoi les messages de désinformation connaissent-ils un si grand succès ?Notre invitée explique :
« Ils sont transmis dans un langage très simple et concis, et ne donnent pas trop d’explications. Les chercheurs ont, quant à eux, tendance à rallonger les explications. J’ai parcourumoi-même des tels messages. Les nôtresont plus longs. Mon sentiment est que les jeunes générations n’ont pas la patience de lire beaucoup. Il faut donc travailler sur cet aspect, pour diffuser des informations courtes et percutantes, qui aient un impact. »
Lutter contre la désinformation sur les changements climatiques n’est pas seulement la responsabilité des experts, mais de la société tout entière. Protéger la vérité scientifique est une étape essentielle dans la lutte contre la crise climatique.