La semaine du 10 au 14 novembre 2025
La Stratégie de sécurité nationale de la Roumanie / La réforme des régime spéciaux de retraite, toujours dans l’impasse / Manifestations et inflation / Collaboration roumano-moldave / Rapatriement des restes mortels du prince Ghyka
Daniela Budu, 16.11.2025, 11:00
La Stratégie de sécurité nationale de la Roumanie
Le président roumain, Nicusor Dan, a présenté mercredi le projet de la nouvelle Stratégie de défense et de sécurité nationale pour la période 2025-2030. Le document sera en débat public pendant deux semaines, avant d’être envoyé au Parlement pour approbation. La Roumanie doit renforcer ses partenariats avec les alliés à la mer Noire, afin de mieux protéger face aux menaces russes, les projets énergétiques qui la transformeront dans le plus grand producteur de gaz de l’Union européenne en 2027, lit-on dans le document. En même temps, le partenariat stratégique de la Roumanie avec les Etats-Unis à une « importance cruciale ». La Roumanie doit aussi garder ses partenariats et promouvoir ses intérêts au sein de l’UE et de l’OTAN et dans ses relations avec les États-Unis, estime encore le chef de l’État roumain. Les actions hostiles de la Russie sont considérées comme la principale menace à l’adresse de la sécurité nationale, pourtant le document identifie d’autres vulnérabilités, dont le déclin démographique ou encore la faible capacité administrative de l’Etat. Une réunion du Conseil Suprême de Défense de la Roumanie au sujet de la Stratégie de la sécurité nationale est prévu le 24 novembre prochain. En attendant, le plus grand exercice militaire de l’année accueilli par les polygones de l’OTAN de Roumanie a pris fin ce jeudi. Dacian Fall 2025 a démarré le 20 octobre dernier et il a réuni 5000 militaires de 10 pays membres de l’Alliance de l’Atlantique Nord, accompagnés de 1200 véhicules et moyens techniques.
La réforme des régime spéciaux de retraite, toujours dans l’impasse
Des négociations intenses ont eu lieu ces derniers jours au sein de la coalition gouvernementale de Bucarest. En début de semaine, la coalition a annoncé avoir abouti sur un accord en ce qui concernait la réduction des dépenses en matière de salaires dans l’administration locale et centrale. Par conséquent, à partir de l’année prochaine, les dépenses en matière de personnels diminueront de 10 % par rapport à cette année dans l’administration publique centrale, alors que le nombre des postes existant actuellement dans l’administration locale sera réduit de 30 %.
Par ailleurs, les négociations sur les régimes spéciaux de retraite, dont ceux des magistrats, n’ont pas abouti sur un résultat concret, malgré les débats qui ont eu lieu entre le président roumain Nicusor Dan, les chefs de la coalition gouvernementale et les représentants de la Justice. Selon des sources politiques citées par Radio Roumanie, la coalition a proposé une période de transition d’au moins 10 ans pour la mise en place des nouvelles conditions pour le départ à la retraite des magistrats. On propose également que leur pension de retraite ne dépasse plus les 70 % du dernier salaire. De leur côté, les magistrats souhaitent avoir une période de transition encore plus longue – de 15 à 20 ans – et proposent que la pension de retraite compte pour 65 % du dernier salaire brut. À noter que si cette réforme n’est pas adoptée jusqu’à la fin du mois de novembre, Bucarest pourrait perdre 231 millions d’euros du Pan National de Relance et de Résilience de la Roumanie. Par ailleurs, après plus d’une année de négociations, la Roumanie a obtenu jeudi l’avis favorable de l’UE pour la forme révisée de son Plan national de relance et de résilience, approuvé lors du Conseil Affaires économiques et financières de Bruxelles. Les fonds alloués dans le cadre de cette nouvelle version dépassent les 21,4 milliards d’euros. Bucarest a déjà reçu la moitié de cette somme et devrait recevoir la seconde moitié avant la fin de l’année prochaine.
Manifestations et inflation
Cette semaine encore, quelques milliers de syndicalistes, membres du Bloc National Syndical (une des plus grandes confédérations syndicales de Roumanie) ont manifesté à Bucarest pour dénoncer les mesures d’austérité imposées par le gouvernement qui, à leur avis, ont entraîné la baisse du pouvoir d’achat de la population. Ils ont également dénoncé les politiques gouvernementales actuelles qui ne font qu’alimenter l’inflation. Dans ce contexte, ils demandent la hausse du salaire minimum, l’arrêt des coupes salariales et la baisse de l’évasion fiscale. En cas contraire, ils menacent d’en saisir la Commission européenne. C’est sur cette toile de fond que mercredi, l’Institut national de la statistique a annoncé que le taux annuel d’inflation en Roumanie s’était maintenu à 9,8 % en octobre dernier, soit une valeur similaire au mois précédent. A comparer avec octobre 2024, on constate que ce sont les prix des marchandises alimentaires et des services qui ont augmenté le plus, de plus de 11 %, alors que le prix des aliments s’est majoré d’environ 7,6 %. Selon l’Institut national de la statistique, le prix de l’électricité a augmenté le plus en octobre dernier, de 72 % en rythme annuel, avec pourtant une légère baisse par rapport au mois de septembre. À son tour, la Banque Nationale de Roumanie a révisé à la hausse ses prévisions pour le taux d’inflation de la Roumanie à la fin de cette année, à 8,8 %. Elle prévoit un taux d’inflation de 3 % à peine à la fin de l’année prochaine. La Banque Centrale a aussi adopté son Rapport trimestriel sur l’inflation, un document selon lequel le taux d’inflation connaîtra une baisse plutôt modeste dans les 9 prochains mois. C’est la conséquence du fait que le plafonnement des prix de l’électricité a expiré au1er juillet dernier et de la majoration, à compter du 1er août dernier, de la TVA et des accises, explique la Banque Centrale.
Collaboration roumano-moldave
La Roumanie a été, est toujours et restera le partenaire stratégique et le partisan (sustinator ?) le plus proche de la République de Moldova, a déclaré le premier ministre roumain Ilie Bolojan, à l’issue de sa réunion, à Bucarest, avec son homologue moldave, Alexandru Munteanu. « Il faut continuer et approfondir les projet qui ont déjà démarré et ceux que nous allons lancer ensemble l’année prochaine, au bénéfice des citoyens des deux pays » a précisé Ilie Bolojan. Il a fait référence notamment aux projets de coopération bilatérale dans le domaine de l’infrastructure énergétique et routière, ainsi qu’aux projets visant à faciliter le transit aux points de frontière. À son tour, le premier ministre moldave Alexandru Munteanu s’est félicité de l’appui de la Roumanie, précisant que la République de Moldova souhaitait contribuer à la sécurité régionale, à la connectivité énergétique et à l’unité européenne. « La Moldova est en train de se construire, avec une aide constante de la part de la Roumanie, un chemin aux côtés des pays européens », a encore précisé Alexandru Munteanu.
Rapatriement des restes mortes du prince Ghyka
Enfin, cette semaine, les restes mortels du dernier souverain de la principauté de Moldavie Grigore Alexandru Ghyka (a régné entre 1849 et 1856), ont été ramenés à Iasi, ville du nord-est de la Roumanie, ancienne capitale de la principauté de Moldavie, pour être réinhumés près de l’église orthodoxe ou celui-ci était devenu prince. Grigore Alexandru Ghyka avait vécu la dernière partie de sa vie en exile, à Paris. C’est de là que ses restes mortels ont été apportés en Roumanie, avec des honneurs militaires. Le cercueil a été déposé pendant quelques jours au siège de la présidence roumaine à Bucarest, avant d’être transportées à Iasi. Plusieurs évènements spéciaux ont été également organisés à l’occasion de ce rapatriement dans la ville de Focsani, dans le sud-est de la Roumanie, qui a marqué pendant des siècles la frontière entre les principauté de Moldavie et de Valachie.