Panique démographique en Roumanie
L'analyse de l'Institut national de la statistique de Roumnaie comprend trois scénarios distincts concernant l'évolution de la population roumaine jusqu'en 2080. Même dans le scénario optimiste, la population continuerait de diminuer, bien qu'à un rythme plus lent.
Ion Puican, 17.12.2025, 12:54
La Roumanie est confrontée à un déclin démographique marqué, confirmé par les dernières analyses publiées par l’Institut national de statistique (INS). Les projections montrent que d’ici 2080, la population du pays pourrait diminuer d’un quart par rapport à son niveau actuel. Parallèlement, l’INS attire l’attention sur le processus avancé de vieillissement démographique : le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans dépasse largement celui des enfants, une tendance qui modifie déjà la structure sociale et économique du pays.
Le porte-parole de l’INS, Vladimir Alexandrescu, considère que la situation est des plus inquiétantes.
SON 1 : L’étude aborde un problème essentiel pour tous les pays et, notamment pour la Roumanie : celui de sa population, de son avenir démographique. Il ne s’agit pas de la première tentative de révéler le problème démographique actuel au public roumain, de nombreux acteurs politiques, sociaux et des citoyens lambda ont déjà essayé d’attirer l’attention sur le risque de dépeuplement auquel est exposée la Roumanie, risque superposé à un vieillissement chronique de la population, devenu à l’heure actuelle, je tiens à le souligner, un risque galopant. En effet nous faisons face à un vieillissement rapide de la population roumaine qui s’opère dans le contexte d’un vieillissement général de la population européenne. D’autres pays sont plus durement touchés que la Roumanie, mais cela ne doit pas nous réjouir, car nous sommes mieux lotis qu’eux, qui sont dans une situation très difficile. À l’heure actuelle, nous nous trouvons dans une situation étrange pour beaucoup, mais il convient de souligner qu’en Roumanie, moins d’enfants sont nés ces dernières années que dans les Principautés unies, vers 1870-1880. Il est évident que des mesures doivent être envisagées pour résoudre ce risque qui devient de plus en plus pressant. Je ne voudrais pas utiliser des termes trop dramatiques, mais il s’agit vraiment d’une situation limite et ce sont les derniers moments historiques où des mesures pourraient encore être prises pour obtenir des résultats.
En 2025, le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans dépassera déjà de plus de 35 % le nombre d’enfants de moins de 14 ans. En un an seulement, l’indice de vieillissement est passé de 126 à 132 personnes âgées pour 100 jeunes. Et des études récentes montrent que la population âgée de plus de 55 ans continuera d’augmenter, accentuant la pression sur le système médical et social.
Trois scénarios, trois variations de déclin
L’analyse de l’INS comprend trois scénarios distincts concernant l’évolution de la population roumaine jusqu’en 2080. Même dans le scénario optimiste, la population continue de diminuer, bien qu’à un rythme plus lent. Dans le scénario considéré comme le plus probable – le scénario moyen –, notre pays pourrait perdre près de 3,5 millions d’habitants au cours des prochaines décennies. Cristian Șelaru, du département de communication de l’INS, appelle à regarder au-delà des chiffres.
« C’est plus qu’un signal d’alarme. Comme vous le savez, la Roumanie traverse actuellement une période que l’on pourrait qualifier de tragique, car de moins en moins d’enfants naissent, ce qui ne laisse pas présager de lendemains qui chantent. Bien sûr, notre étude se base sur la population résidente de la Roumanie au 1er janvier 2025. À cette date, selon nos données, nous comptions environ 19 millions 36 000 résidents. Sur la base de ces résidents, en calculant bien sûr les taux de fécondité et la structure des naissances vivantes par âge des mères au cours de l’année précédente, c’est-à-dire en 2024, ainsi que l’espérance de vie à la naissance en 2024, par sexe et par département, ainsi que le solde de la migration interne également en 2024 et le solde de la migration internationale également en 2024, nous avons pu établir ces prévisions. Et elles ne sont pas réjouissantes. Nous avons proposé trois scénarios. Dans le plus pessimiste, la population de la Roumanie diminuerait pour atteindre 14 millions 367 mille habitants en 2080, soit une réduction de quatre millions 669 mille résidents. Dans le scénario plus optimiste la population diminuerait de 1,9 million de personnes, soit une diminution de 10 % de la population résidente au 1er janvier 2025. Selon le scénario intermédiaire, le plus plausible, on table sur une baisse de 3,4 millions de personnes, soit environ 18 % par rapport à la population actuelle. Voici ce que disent les projections. Et ces tendances auront un impact considérable sur le marché du travail et sur l’école à tous les niveaux ainsi que sur les universités. »
La faillite des politiques publiques ?
Cristian Șelaru considère que les politiques publiques doivent tenter de résorber le déclin démographique.
« Avoir un taux de natalité plus élevé, cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut des politiques publiques qui s’étendent sur plusieurs décennies. Si nous voulons changer quelque chose d’ici 2080, c’est-à-dire réduire cette prévision de près de 5 millions de personnes qui vont disparaître, nous pouvons le faire, mais seulement sur plusieurs décennies, pas du jour au lendemain, et pas en supprimant, mais en ajoutant. De plus, il faudrait cesser de véhiculer des visions pessimistes, mais envisager toujours l’avenir avec optimisme. Car lorsqu’un jeune voit que ce qui lui est offert n’est qu’une nuance de noir, il choisira toujours le gris qu’il voit au loin, dans d’autres pays. »
Ces données mettent en évidence une réalité qui aura un impact majeur sur l’avenir de la Roumanie. La baisse de la population, doublée d’un vieillissement accéléré, influencera le marché du travail, les systèmes de retraite, les services sociaux et la manière dont les communautés s’adapteront aux nouvelles structures démographiques. Les projections de l’INS constituent un outil essentiel pour l’élaboration de politiques publiques capables de répondre aux défis des prochaines décennies.