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Les chevaliers teutoniques dans l’histoire du Moyen Âge roumain

Les ordres militaires du Moyen Âge ont tous été fondés pour la protection armée de la religion, pour répandre le christianisme, ou encore pour défendre ou reconquérir des territoires occupés par les musulmans. Les chevaliers de Malte, les Templiers, les Hospitaliers ont marqué de leur empreinte l’histoire de leur époque. Quant à l’ordre des Chevaliers teutoniques, il descend jusqu’aux Carpates dans le cadre de la stratégie d’expansion menée par l’Occident dans la région. En effet, le roi de Hongrie, André II, tentait de fortifier la frontière de son royaume, située aux Carpates, et d’étendre l’influence du catholicisme jusqu’aux confins de ses terres. A la fois austères et guerriers, originaires de l’espace germanique, les Teutons se faisaient forts de convertir au catholicisme les peuples migratoires de passage, mais également les communautés chrétiennes orthodoxes de souche, dans une tentative de réunifier le christianisme sous la bannière du pape. Les armoiries de l’ordre combinaient la pureté du blanc du bouclier, symbolisant la pureté de la croyance, au noir de la croix, symbole du sacrifice suprême dans la défense du christianisme.

Les chevaliers teutoniques dans l’histoire du Moyen Âge roumain
Les chevaliers teutoniques dans l’histoire du Moyen Âge roumain

, 24.02.2020, 13:19

C’est en 1211 que les premiers chevaliers teutoniques arrivent pour s’y établir aux abords des Carapates et dans la région du sud-est de la Transylvanie, dans l’actuel département de Vrancea.

L’académicien Ioan Aurel Pop, professeur d’histoire médiévale à l’Université Babeş-Bolyai de Cluj, rend hommage au rôle civilisateur des Chevaliers teutoniques dans l’espace roumain : « Ils étaient des bâtisseurs, et les documents qui sont parvenus jusqu’à nous font état d’un château fort, plutôt impressionnant, Croixbourg, qui avait été érigé par l’ordre. Ils ont élevé par ailleurs bien d’autres châteaux forts, y compris au-delà des frontières du roi magyar, dans une région qu’ils avaient appelée « ultra montes nivium », c’est-à-dire au-delà des monts enneigés. C’est ce qui les avait finalement mis en porte-à-faux à l’égard du roi hongrois André II, qui ne menait pas des desseins expansionnistes, à la différence du Vatican, qui rêvait de pouvoir établir, par l’entremise de l’ordre, une tête de pont dans la région. Mais les données dont l’on dispose sont assez pauvres. A l’époque, les chancelleries n’existaient pas encore. La Transylvanie venait tout juste d’être fondée, en tant que voïvodat, au sein de la couronne hongroise. Puis, au-delà des monts enneigés, au-delà des Carpates, il n’y avait pas d’Etats constitués à proprement parler. Alors, les sources historiques sur le passage des chevaliers teutoniques dans notre pays sont peu nombreuses, et il s’agit surtout de sources étrangères. »

Les documents du Vatican sont, eux, plus fournis. Ils racontent l’arrivée des chevaliers au pays de Bârsa, où ils rencontrent une population autochtone mixte, formée de Roumains, de Slaves et de Petchenègues. Pour pouvoir subvenir à ses besoins, l’ordre avait reçu le privilège d’exploiter les mines d’or et d’argent situées en Transylvanie. Au pays de Barsa, ils ont vite érigé des châteaux-forts, construits en bois, tels ceux de Feldioara, Cetatea Neagră, Cetatea Crucii. Ils ont aussi fait venir des agriculteurs et des artisans d’origine allemande, qui s’y sont établis, et qui ont eu un rôle extrêmement important dans le développement des villes transylvaines, notamment de Feldioara, Brașov, Codlea, Râșnov et Prejmer. Mais l’ordre, qui agissait sous l’autorité directe du pape, commençait à faire de l’ombre à l’autorité de la couronne hongroise en Transylvanie. En effet, après avoir battu les Coumans dans le sud-est de la Transylvanie, les chevaliers teutoniques ont mis la région sous l’autorité directe du Vatican, en défiant par cela le roi magyar. Et c’est ainsi qu’en 1225, le roi de Hongrie a chassé l’ordre des Chevaliers teutoniques du pays de Bârsa. Ils iront alors s’établir dans le nord-est de l’actuelle Pologne.

Mais faire partie d’une telle congrégation d’élite ne devait pas être à la portée de tout un chacun. Ioan Aurel Pop détaille les conditions que devait remplir tout candidat désireux de rejoindre ses rangs : « Il fallait tout d’abord observer les règles de la vie monacale : le vœux de chasteté et la prière notamment. Mais il fallait aussi être chevalier, avoir ces qualités militaires indispensables aux membres des ordres religieux médiévaux. Car leur vocation était de lutter l’arme à la main pour défendre et répandre la croyance. Les candidats étaient souvent fils de nobles, et l’entrée dans un tel ordre était perçue comme une entrée dans un corps d’élite, servant des idéaux de la plus haute importance, telle la christianisation des populations autochtones. L’homme médiéval ne pouvait concevoir la vie hors la croyance et l’église. Prenez les excommunications. Elles prenaient des dimensions énormes et avaient des conséquences funestes, décomposant et désorganisant des sociétés entières. Ceux qui avaient le privilège de se mettre sous l’autorité directe de l’église constituaient l’élite de la société médiévale. Et la crème des crèmes était composée par ces membres des ordres chevaleresques. Ils devaient faire preuve de qualités hors du commun et observer une hiérarchie stricte, avec des accents particuliers. »

Les ordres monastiques médiévaux, souvent dotés d’un caractère ethnique, ont par ailleurs aidé à l’émergence des futures identités nationales. Ioan Aurel Pop : « Cette composante ethnique était réelle. L’ordre des Chevaliers teutoniques était principalement constitué d’Allemands, alors que l’ordre Templier était rejoint par les Français. Les Templiers ont d’ailleurs été décimés suite au conflit qu’ils ont eu avec le roi de France, Philippe IV le Beau, qui a scellé le destin de l’ordre. Cette composante ethnique revêtira avec le temps un caractère national. Et c’est ainsi que l’on voit à la Renaissance les chevaliers teutoniques se mettre au service du Saint empire et lutter, par exemple, contre les Polonais, eux aussi catholiques. »

Et, d’ailleurs, après avoir quitté les terres transylvaines, les chevaliers teutoniques refont encore une brève apparition dans l’histoire des principautés roumaines en 1410, lorsque le voïvode de Moldavie, Alexandre le Bon, rejoint l’alliance militaire polono-lituanienne, pour envoyer un corps expéditionnaire croiser le fer contre les chevaliers teutoniques, lors de la bataille de Marienbourg. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

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