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Jacques Augustin – Les monastères de Roumanie

Aujourd’hui, ce mode de vie est assez varié. Les membres de l’Eglise Orthodoxe, majoritaire en Roumanie, ainsi que les membres de l’Eglise Romano-Catholique et Greco-Catholique le partagent dans différentes institutions.

L’Eglise Orthodoxe, sur laquelle on possède plus de données, dispose en Roumanie de 631 monastères et ermitages avec plus de 8000 moines et moniales. A cela s’ajoutent 71 ensembles monastiques dans la diaspora avec plus de 1300 moines et moniales. Par rapport aux monastères catholiques, qui sont organisés en « ordres », les monastères orthodoxes sont régis par ce que l’on appelle le « typikon » (mot d’origine grecque, signifiant « suivre l’ordre », qui désigne aussi bien l’ordre des hymnes de l’office divin, que les instructions de vie dans la communauté, tous inspirés du mode de vie des plus anciens monastères). D’habitude, un monastère se compose d’un ensemble de bâtiments organisés en mettant la prière et la vie en commun au centre. Ils se composent généralement d’au moins une église, des cellules des moines, moniales ou des novices, d’une salle à manger et des ateliers pour les travaux. Un mur d’enceinte entoure généralement l’ensemble, afin de le protéger. Voici quelques-uns des plus beaux exemples que l’on trouve en Roumanie.

Dans l’ouest du pays, on trouve le monastère le plus ancien de Roumanie. Il s’agit de Hodoș-Bodrog, dans le département d’Arad, qui a été fondé au début du 2e millénaire de notre ère. Sa première attestation documentaire se trouve dans un diplôme émis par le roi Bella III en 1177, qui confirme les propriétés du monastère.

Dans le nord-est du pays on rencontre les deux plus grands couvents de Roumanie : les monastères d’Agapia et de Văratec, chacun étant en fait un village où 400 moniales partagent la vie ascétique. Le monastère d’Agapia, dont le nom provient du mot grec « agape », signifiant « amour », a été fondé au XVIIe siècle. Au début du XIXe siècle, le monastère a ouvert ses portes à une école pour les moniales désireuses d’étudier la musique psaltique (c’est-à-dire la musique ecclésiastique de tradition byzantine), la langue grecque ou la broderie. Aujourd’hui, le monastère d’Agapia accueille l’un des trois séminaires théologiques pour femmes de Roumanie. Après un incendie provoqué par les turques, le monastère a été par Nicolae Grigorescu, l’un des peintres roumains les plus appréciés. Quant au monastère de Văratec, il a été fondé le XVIIIe siècle. Pendant la révolution de 1821, il a été assiégé par les ottomans, qui en ont chassé les moniales. Selon quelques documents provenant de la moitié du XIXe siècle, le monastère accueillait plus de 600 moniales, de provenance géographique très diverse.

Dans la même région de Moldavie on trouve des monastères uniques en Europe. Il s’agit de ceux dont les murs extérieurs sont peints avec des fresques d’une qualité artistique étonnante, aux couleurs uniques, qui font penser à des Evangéliaires enluminés, grâce auxquelles ils ont été inclus sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Le monastère de Voroneț fait d’ailleurs partie des 26 églises et monastères fondés par le prince de Moldavie Etienne le Grand. Il a été construit en seulement 3 mois et 3 semaines en 1488, en remerciement pour une victoire contre les ottomans. Sa peinture extérieure, qui l’a rendu célèbre, a été ajoutée le siècle suivant, entre 1534 et 1535 par le fils illégitime d’Etienne le Grand, Pierre Rareș. Considéré comme « le testament de l’art moldave », le monastère de Sucevița, édifié à la fin du XVIe siècle par les petits-fils de Pierre Rareș est apprécié pour ses fresques peintes sur un fond vert-émeraude unique dans le pays.

Avant de conclure, ajoutons que les monastères de Roumanie, en suivant une tradition qui remonte au IVe siècle, jouent aussi un rôle social parfois émouvant au sein des communautés dont ils font partie. C’est le cas par exemple du monastère orthodoxe de Bogdana, dont l’higoumène a fondé un foyer où 123 enfants orphelins ou issus de familles aux conditions sociales modestes reçoivent des soins et ont accès à une éducation. Les 49 sœurs du monastère romano-catholique de Popești-Leordeni (d’ailleurs le seul monastère catholique à survivre au régime communiste), près de la capitale Bucarest, accueillent quant à elles 40 personnes âgées dans une maison de retraite.

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