La bergerie Ștefanu
Les touristes s’arrêtent à la bergerie Ștefanu pour goûter « tocanul de oaie »/le civet de mouton, un plat traditionnellement préparé par les éleveurs de moutons. Dans le même coin, une autre attraction touristique est représentée par le musée local, qui expose des objets domestiques anciens et de costumes traditionnels. Découverte.
Ștefan Baciu, 15.08.2025, 10:06
Les routes qui traversent la Roumanie
La Transalpina, la plus haute route de notre pays, traverse les crêtes des Carpates méridionales, reliant la commune de Novaci, dans le département/județ de Gorj, la Vallée du Jiu, dans le département de Hunedoara, la ville de Sebeș, au sud de la province de Transylvanie, la ville de Brezoi, dans la Vallée du Lotru, et les villes de Râmnicu Vâlcea et de Sibiu, via la Vallée de l’Olt. La cote la plus élevée de la Transalpina est le col d’Urdele, à 2.145 mètres d’altitude, tandis qu’à la mi-distance de la zone d’Obârșia Lotrului, au bout du lac de retenue de Vidra, la bergerie Ștefanu invite à une pause-détente.
Un plat délicieux, le civet de mouton
La bergerie a emprunté le nom du Pic Ștefanu, haut de 2.051 mètres, au pied duquel elle a été aménagée ; ce pic et celui appelé Bora (2.055 mètres) font partie des Monts Latoriței. Les touristes s’arrêtent à la bergerie Ștefanu pour goûter « tocanul de oaie »/le civet de mouton, un plat traditionnellement préparé par les éleveurs de moutons. En été, les bergers et leurs troupeaux règnent en maîtres sur les pâturages de la région alpine.
Mărioara Babu raconte comment les touristes ont fini par s’arrêter à la bergerie pour découvrir le civet de mouton :
« C’est un plat traditionnel, certifié par le ministère de l’Agriculture et reconnu en tant que tel en Europe. Nous l’avons aussi breveté, pas pour empêcher d’autres personnes de le préparer, mais pour que personne d’autre ne m’empêche, moi, de le préparer pour les touristes. Après 2008 … 2009, après l’enrobage de la Transalpinei, les touristes s’arrêtaient à la bergerie pour acheter nos produits et ils mangeaient aussi ce qu’il y avait dans la marmite ; nous avons décidé alors de cuisiner nos plats montagnards également pour les touristes qui parcourent la Transalpina et font une pause à notre bergerie. Il faut absolument faire mijoter le civet de mouton longtemps sur feu doux, son goût authentique étant donné par le chaudron et le feu de bois. »
Un petit musée local
Dans le même coin, une autre attraction touristique est représentée par le musée local, qui expose des objets domestiques anciens et de costumes traditionnels. La bergère Mărioara Babu n’aime pas affirmer que sa bergerie abrite un véritable musée :
« Je crois que c’est trop dire, parce que pour avoir un musée, il faudrait remplir certaines conditions. Moi, j’y vois plutôt une exposition sur notre région pastorale, de la zone de Gorj. J’ai collecté tant d’objets et de costumes à travers le temps. Et je veux vous dire que chacun a sa propre histoire. Il y en plusieurs que j’aime beaucoup et je pense que certaines personnes ont trop facilement abandonné le costume, les objets et les traditions qu’elles connaissaient depuis l’enfance. J’ai peu à peu rassemblé un tas de choses que j’ai exposées ici, car les gens n’y viennent pas seulement pour manger. Ils viennent aussi voir des choses! Des choses qui, aux yeux des jeunes, font partie des décors d’un film, mais qui nous ont accompagnés dans notre enfance. »
Quelques objets uniques
Mărioara Babu détient également plusieurs objets plus particuliers :
« Le costume traditionnel le plus ancien a plus de cent ans ; il provient de la commune d’Alimpești, dans la zone de Gorj. C’est un ancien costume de mariée. Il m’a été donné par une femme, qui a soixante-dix ans, et qui m’a dit qu’il avait appartenu à sa grand-mère. J’ai aussi le costume de Dominica Trop, chanteuse de musique traditionnelle de Mehedinți. J’ai le cabas, la dame-jeanne et le ceinturon de Nea Mărin (Tonton Marin, un personnage très populaire à la télévision roumaine dans les années 1970, interprété par l’acteur Amza Pellea – ndlr), des opinci (chaussures traditionnelles) vieilles de plus 100 ans, des bottes de la deuxième guerre mondiale, un petit gilet en peau de mouton de Poiana Sibiului de 1960. L’icône peinte que vous voyez là-bas, je l’ai trouvée dans une poubelle et j’ai tout de suite réalisé que c’était un objet de valeur. Une bonne centaine de costumes traditionnels se cachent dans mes armoires. Où que j’aille, je demande aux gens s’ils ont des choses intéressantes dont ils pourraient se séparer et que je ramène ensuite ici, dans les montagnes. »
Trésor humain vivant
Avant de quitter la bergerie, les touristes ont la possibilité de s’habiller de larges peaux de moutons pour se faire prendre en photo. Elles sont très lourdes et ce n’est pas facile de les porter, mais les photos valent la peine.
Pour ses démarches de conservation des traditions locales et pour les plats traditionnels de sa cuisine, tels que le civet de mouton, le ministère de la Culture de Bucarest a conféré à Mărioara Babu, en 2023, le titre de « Tezaur uman viu / Trésor humain vivant ». (Trad. Ileana Ţăroi)