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La vie et le culte du Saint Nicolas

Bien connu pour remplir les chaussures des enfants pendant la nuit du 5 au 6 décembre, le Saint Nicolas est en fait une figure emblématique pour le monde chrétien. Né avant la reconnaissance du christianisme comme religion acceptée dans l’Empire romain, Nicolas a bénéficié d’un culte qui a fait le tour de l’ensemble du monde chrétien au fil des siècles. Nous vous invitons aujourd’hui à connaître les sources historiques qui racontent sa vie ainsi que le parcours de ses reliques jusqu’à nos jours.

Icoana Sf. Nicolae (sec.XVII) înainte și după restaurare / Sursa: Muzeul Național de Istorie a României
Icoana Sf. Nicolae (sec.XVII) înainte și după restaurare / Sursa: Muzeul Național de Istorie a României

, 06.12.2025, 08:40

Nicolas est né vers l’an 270 à Patare, en Lycie, une région de la Turquie contemporaine, et il est mort en l’an 343 à Myre (l’actuelle ville de Demre, en Turquie), où il a été évêque. Bien qu’il soit tellement bien connu aujourd’hui, en fait, peu de sources offrent des détails sur sa vie. Plusieurs œuvres biographiques, appelés hagiographies dans la littérature spécialisée, ont survécu depuis une époque postérieure à sa vie. Les premiers récits ont été écrits par des auteurs byzantins. Au huitième siècle, André de Crète, un évêque et hymnographe, a écrit un Encomium en l’an 720 pour mettre en lumière les vertus de Saint Nicolas. Au neuvième siècle Michel l’Archimandrite a écrit un ouvrage intitulé « Vita per Michaelem ». La légende de Saint Nicolas a été ensuite largement compilée, notamment au dixième siècle, par Syméon Métaphraste, un homme d’Etat et historien auteur de la plus importante compilation hagiographique de la période byzantine. Ensuite cet ouvrage a été retranscrit et amplifié en latin par les hagiographes médiévaux, en particulier dans La Légende dorée (1261-1266) de Jacques de Voragine. Ces textes ont souvent confondu ou fusionné l’histoire du Nicolas de Myre avec celle de son homonyme, Nicolas de Sion, qui a vécu au sixième siècle. Autant dire que les sources racontant la vie de Saint Nicolas sont tardives par rapport à sa vie et pas toujours exactes.

 

Que sait-on concrètement sur lui ?

Selon la tradition hagiographique, Nicolas est né dans une riche famille chrétienne. Après la mort de ses parents, il a hérité de grandes richesses qu’il a distribuées aux pauvres. Ce détail a été rapporté par de grands évêques du quatrième siècle (tels Ambroise de Milan et Basile de Césarée).

Après avoir été ordonné prêtre, Nicolas est devenu évêque de Myre, désigné par la vox populi (choix du peuple) autour de l’an 300. Selon les sources écrites, durant la persécution des chrétiens menée par Dioclétien en 303, il a été arrêté et torturé.

Selon des sources monastiques, Nicolas a participé au premier concile œcuménique de Nicée (325) où il a combattu l’arianisme, un courant philosophique-théologique selon lequel le Fils de Dieu n’a pas la même nature que Dieu le Père. Et pourtant, son nom ne figure pas sur la liste des signataires, qui est d’ailleurs incomplète. Selon les récits, un an avant sa mort, il a même présidé à la démolition du temple d’Artémis de Myre, s’affirmant dans sa lutte pour le christianisme.

 

Le culte de Saint Nicolas est l’un des plus anciens et des plus répandus du monde chrétien. Il est l’un des saints les plus vénérés de l’Eglise orthodoxe, étant devenu un personnage populaire de l’hagiographie, réputé pour ses nombreux miracles.

Son culte a été attesté dès le sixième siècle à Byzance. L’empereur Justinien a fait construire une église lui a été dédiée à Constantinople, vers l’an 550. Le culte de Saint Nicolas a même atteint les régions germanophones à commencer par le dixième siècle, (notamment via l’épouse byzantine de l’empereur germanique Otton II (955-983), Théophanie Skleraina (ca. 960-991)). L’Eglise orthodoxe fête le Saint Nicolas le 6 décembre, mais elle a aussi conservé la commémoration du 9 mai, dans le contexte de la translatio (translation des reliques) en Occident.

 

Selon les dernières recherches archéologiques, le tombeau du Saint Nicolas a été initialement construit dans une église rupestre située sur la petite île turque de Gemile, à 30 km de sa ville natale, Patare. D’ailleurs, le nom du Saint Nicolas est inscrit sur une partie de l’édifice en ruine. Dans l’Antiquité, l’île était connue sous le nom d’« île Saint-Nicolas » et aujourd’hui, elle est appelée en turc Gemiler Adasi, ce qui signifie « île des bateaux », en référence au rôle traditionnel du Saint Nicolas comme saint patron des marins. L’église remonte au quatrième siècle, étant typique des sanctuaires de saints de cette période-là. En fait, Nicolas était le seul saint majeur associé à cette région de Turquie. Au milieu du septième siècle, l’île de Gemile était vulnérable aux attaques des flottes arabes. Alors, les restes de Nicolas ont été transférés dans la ville de Myra, située à une quarantaine de kilomètres à l’est, l’endroit où il avait exercé la fonction d’évêque. La position de la ville, plus à l’intérieur des terres, la rendait plus sûre face aux forces maritimes arabes.

Au fil du temps, le tombeau de Saint Nicolas à Myre devint un lieu de pèlerinage important. Ses ossements, qui, selon la légende, suintaient une huile parfumée, ont été conservés dans une église qui lui était dédiée, jusqu’à la fin du onzième siècle. L’histoire de ces reliques s’est vite répandue, ayant pour conséquence le fait que plusieurs lieux affirment posséder une partie importante du corps du saint.

 

Comment cette légende est-elle née ?

Au cours du onzième siècle, le tombeau a été menacé par les raids des Sarrasins. Suite à la défaite de l’armée byzantine en 1071, des villes italiennes marchandes, dont Nicolas était le saint patron, ont décidé de récupérer ses reliques pour assurer leur sécurité et accroître leur vénération à l’Occident. Une expédition de soixante-deux marins italiens a pris de vitesse les navires vénitiens et a ramené les reliques le 9 mai 1087 à Bari. D’ailleurs, la Basilique San Nicola de Bari a été construite spécialement pour les accueillir. Cette translation des reliques s’est fait connaître à travers l’Europe et a coïncidé avec une vague de fondations de villes marchandes qui ont souvent dédié leur église principale à Saint Nicolas.

 

Après, les fragments des reliques du saint ont commencé à se disperser, pour arriver à plusieurs endroits. En voici les plus importants :

Selon la tradition, en 1098, le chevalier lorrain Aubert de Varangéville a volé un doigt de Bari l’apportant en Lorraine. Cette relique a été l’objet du célèbre pèlerinage de Saint-Nicolas, avec la procession à Saint-Nicolas-de-Port.

Puis, au cours de la Renaissance (vers 1420), des fragments de la relique, dont un humérus, ont été cédés à la Cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg, en Suisse.

A son tour, l’église de Notre-Dame-à-la-Croix possède également une relique attestée par un document officiel.

A Bucarest aussi, un fragment des reliques de Saint Nicolas est conservé dans l’église Saint-Georges le Nouveau du centre-ville. La présence de ces reliques a enrichi le culte orthodoxe du saint dans les Principautés roumaines. Elles ont été reçues, comme de nombreuses autres, comme un don précieux, étant régulièrement honorées par les fidèles, ce qui témoigne du rôle du saint en tant que protecteur dans la tradition orthodoxe locale.

Enfin, l’annonce de la découverte, le 13 octobre 2022, du sarcophage du Saint Nicolas dans une niche latérale de l’église originelle de Saint-Nicolas de Myre, en Turquie, a récemment relancé l’intérêt pour son lieu de sépulture initial.

Disons pour terminer, que Saint Nicolas est non seulement un personnage historique, mais aussi un repère culturel pour le patrimoine universel, particulièrement pour les chrétiens orthodoxes et catholiques, qui l’associent avec les cadeaux offerts aux enfants. Il est une figure significative aussi pour de nombreux Turcs, indépendamment de leur confession, car il est lié à l’ancienne province d’Anatolie.

 

Voilà pour les exploits de vie et l’histoire des reliques du Saint Nicolas, pour ne pas oublier, que derrière l’image du vieillard à la barbe banche qui remplit de cadeaux les bottes des enfants dans la nuit du 5 au 6 décembre, il y a eu une vraie personne qui a dédié sa vie au christianisme.

 

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