RRI Live!

Écoutez Radio Roumanie Internationale en direct

La Roumanie face à la révolution d’Octobre

Par le jeu des alliances, la Roumanie se voyait entrer, le 16 août 1916, dans la Grande Guerre, aux côtés de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie. L’aide que la Russie était censée apporter à l’armée roumaine s’était pourtant laissé attendre. Défaite sur le champ de bataille dans un premier temps, la Roumanie se voyait obligée d’évacuer sa capitale, Bucarest, les autorités décidant de se retirer dans la partie encore libre du territoire national, en Moldavie, pour continuer le combat. L’aide militaire de la Russie ne viendra qu’au début de 1917, lorsqu’un million de militaires russes vont gagner le front roumain. Avec la France pour garant, la coopération militaire entre la Roumanie et la Russie commence alors à porter ses fruits, l’alliance arrivant à stabiliser le front contre la poussée des armées conjointes des Empires centraux. Pourtant, les auspices favorables sous lesquelles débuta l’année 1917 vont tourner court très vite. La série de révolutions, qui secouaient la Russie, arrivera à mettre à mal le moral des soldats russes et en danger la chaîne de commandement de leur armée. La nouvelle tournure que les événements prenaient dans le camp allié menaçait alors non seulement la sécurité du front roumain, mais encore, par la contagion potentielle engendrée par les idées révolutionnaires, la stabilité de la société roumaine tout entière.

La Roumanie face à la révolution d’Octobre
La Roumanie face à la révolution d’Octobre

, 25.01.2021, 13:20

Par le jeu des alliances, la Roumanie se voyait entrer, le 16 août 1916, dans la Grande Guerre, aux côtés de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie. L’aide que la Russie était censée apporter à l’armée roumaine s’était pourtant laissé attendre. Défaite sur le champ de bataille dans un premier temps, la Roumanie se voyait obligée d’évacuer sa capitale, Bucarest, les autorités décidant de se retirer dans la partie encore libre du territoire national, en Moldavie, pour continuer le combat. L’aide militaire de la Russie ne viendra qu’au début de 1917, lorsqu’un million de militaires russes vont gagner le front roumain. Avec la France pour garant, la coopération militaire entre la Roumanie et la Russie commence alors à porter ses fruits, l’alliance arrivant à stabiliser le front contre la poussée des armées conjointes des Empires centraux. Pourtant, les auspices favorables sous lesquelles débuta l’année 1917 vont tourner court très vite. La série de révolutions, qui secouaient la Russie, arrivera à mettre à mal le moral des soldats russes et en danger la chaîne de commandement de leur armée. La nouvelle tournure que les événements prenaient dans le camp allié menaçait alors non seulement la sécurité du front roumain, mais encore, par la contagion potentielle engendrée par les idées révolutionnaires, la stabilité de la société roumaine tout entière.

Lorsque Lénine et ses comparses arrivent à s’emparer du pouvoir, la Roumanie se sent plus que jamais en danger de mort. En effet, très vite, les soldats russes, gagnés par les soviets, se muent, du jour au lendemain, d’alliés en ennemis. La Roumanie se trouvait ainsi prise en tenaille entre, d’une part, l’armée allemande et, de l’autre, ses anciens alliés, transformés en bandes armées hostiles. Et ce ne sera qu’avec grande peine que l’armée roumaine finira au par mettre l’armée russe hors d’état de nuire.L’historien Șerban Pavelescu de l’Institut d’Etudes politiques sur la Défense et l’histoire militaire, et auteur de l’ouvrage intitulé « L’allié ennemi », reprend les mémoires rédigés par deux généraux russes, Nikolai A. Monkevitz et Aleksandre N. Vinogradski, présents à l’époque sur le front roumain.

De leurs écrits, l’on apprend la manière dont la Roumanie était arrivée à se défaire de l’emprise bolchévique. Șerban Pavelescu: « Une grande partie des troupes russes se trouvait à l’époque à l’arrière du front, avec une concentration des troupes dans la zone de Nicolina, au nord de la ville de Iasi. Dès le mois d’octobre 1917, des agitateurs bolchéviques s’étaient mis à constituer leurs comités révolutionnaires, menaçant directement de la sorte les structures étatiques et administratives roumaines et la stabilité de l’État. À partir de là, le risque d’empoignade devenait évident. Enfin, les troupes roumaines interviendront durant l’hiver 1917/1918, pour tenter de déloger et de repousser les troupes soviétiques hors des frontières nationales. C’est ainsi que, début 1918, de véritables batailles rangées se dérouleront entre les troupes roumaines et les troupes russes, devenues soviétiques. Les premières essayeront non seulement de déloger leurs anciens alliés, mais aussi de les empêcher d’emporter dans leur retraite le matériel militaire, l’armement et les munitions destinés au front. Il faut dire que ces troupes étaient très vite devenues de véritables bandes armées, constituées de hors-la-loi et occupées à piller et à mettre à sac tout ce qui les entourait. »

La violence des agissements de ces bandes armées avait profondément marqué la mémoire des habitants de la région, et cela est encore plus vrai pour ce qui est des habitants des provinces de Bessarabie et de Bucovine. Șerban Pavelescu:« Défaites et évacuées de force par l’armée roumaine, ces bandes vont traverser la rivière Prut et se déchaineront avec une violence inouïe dans ces provinces. À la suite de cela, au mois de mars 1918, l’armée roumaine intervenait en Bessarabie, dans sa tentative de pacifier la région. Il faut dire qu’à la suite du délitement du pouvoir moscovite, la province avait choisi sa propre voie, avait organisé des élections et fait élire ses représentants. Àla suite de l’intervention de l’armée roumaine, l’ordre a pu être rétabli en Bessarabie, cela mettant du coup un terme aux ambitions hégémoniques du pouvoir soviétique sur la province. »

Les pages laissées par les deux généraux de l’armée du Tsar abondent en détails sur la vie quotidienne des gens pendant la guerre, sans oublier de retracer la perception qu’ils avaient des événements qui ne tarderaient pas à bouleverser leurs vies. Șerban Pavelescu : « Une foule de détails ressortent de ces mémoires. Sur la manière dont l’armée russe se délitait à ce moment, par exemple. L’on assiste ainsi à la mise sous bonne garde du général Tcherbatchev, dernier commandant des troupes russes sur le front roumain, par un peloton roumain, mandaté lui assurer la sécurité personnelle. L’on assiste à la mise en place de stratégies censées déterminer les troupes russes à continuer la lutte. En effet, le gouvernement provisoire, formé à Petrograd à la suite de la révolution de février 1917, avait le plus grand mal à mobiliser ses propres troupes pour poursuivre le combat, alors même qu’il s’y était engagé devant ses alliés occidentaux. Quant aux bolcheviks, ces derniers allaient se montrer prêts à tout moment à pactiser avec l’ennemi, pourvu que cela leur permette de conserver le pouvoir. Et leur attitude défaitiste ne tardera pas à faire le plus grand mal au front roumain. »

Malgré tout et en dépit de l’ampleur des exactions commises par les troupes bolchévisées, Șerban Pavelescu met en avant l’apaisement bénéfique que le contact de ces dernières avec les troupes et la population roumaines arrivait parfois à produire. En effet, certains soldats russes, gagnés d’abord par les idées bolchéviques, semblaient revenir à de meilleurs sentiments. Șerban Pavelescu : « Notez un élément : le degré de contamination au bolchévisme des troupes russes présentes sur le front roumain a été parmi les moins significatifs de tout le front de l’Est. C’est sans doute que leur contact avec les troupes roumaines, qui ne semblaient pas prêtes à se laisser embarquer dans l’aventure, a joué pour quelque chose. D’ailleurs, beaucoup de ces soldats russes iront par la suite rejoindre les Blancs, dans la guerre civile qui les a opposés aux Rouges. Et je ne parle pas que des officiers, des sous-officiers et des cadets, mais bien d’unités entières, qui vont embrasser la cause des Blancs. » Pendant ces années de la Grande Guerre, la Roumanie a dû affronter vaillamment les coups de butoir de l’ennemi du front et de son ancien allié, tapi derrière ses lignes. La révolution bolchévique avait, pour un instant, au pire moment, failli faire vaciller la résistance roumaine. Heureusement, sans y parvenir. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

banner-Pro-Memoria.-960x540-2
Pro Memoria lundi, 28 avril 2025

La Tchécoslovaquie vue par un Roumain

  Bien que relativement proches géographiquement, les Roumains, les Tchèques et les Slovaques partagent une histoire officielle plutôt brève, vu...

La Tchécoslovaquie vue par un Roumain
Permise de călătorie gratuite DiscoverEU pentru tineri (foto: Tama66 / pixabay.com)
Pro Memoria lundi, 21 avril 2025

La ligne de chemin de fer Salva–Vișeu : entre montagnes et mémoire

Une voie ferrée historique   Dans le nord de la Roumanie, entre les départements de Maramureș et Bistrița-Năsăud, nichée dans une région...

La ligne de chemin de fer Salva–Vișeu : entre montagnes et mémoire
banner-Pro-Memoria.-960x540-2
Pro Memoria lundi, 14 avril 2025

Les relations roumano-yougoslaves au temps de Tito

En ces temps de propagande et de grands idéaux socialistes, le sentiment de fraternité entre nations amies a été cultivé avec ferveur par les...

Les relations roumano-yougoslaves au temps de Tito
banner-Pro-Memoria.-960x540-2
Pro Memoria lundi, 07 avril 2025

Les Roumains de l’empire d’Autriche-Hongrie et l’union de la Bessarabie avec la Roumanie

Pourtant, pour beaucoup d’entre eux – qu’ils soient de Transylvanie, de Banat, de Maramureș ou de Bucovine – cette guerre posait un vrai...

Les Roumains de l’empire d’Autriche-Hongrie et l’union de la Bessarabie avec la Roumanie
Pro Memoria lundi, 31 mars 2025

Le général Gheorghe Avramescu

Pendant les guerres que la Roumanie a dû traverser durant le 20e siècle, dont les guerres balkaniques, les deux guerres mondiales et la guerre...

Le général Gheorghe Avramescu
Pro Memoria lundi, 24 mars 2025

35 années depuis la Proclamation de Timisoara

Une déclaration qui esquissait la voie démocratique de la Roumanie   Dans les mois qui ont suivi la chute du régime communiste, la bataille...

35 années depuis la Proclamation de Timisoara
Pro Memoria lundi, 17 mars 2025

80 ans depuis l’installation du premier gouvernement procommuniste à Bucarest

Le 6 mars 1945 : le premier gouvernement communiste s’installe à Bucarest   L’une des dates les plus sombres de l’histoire...

80 ans depuis l’installation du premier gouvernement procommuniste à Bucarest
Pro Memoria lundi, 10 mars 2025

L’émission « Réflecteur » de la Télévision roumaine

1966 – 1971 : une période de relâchement idéologique   L’histoire de la presse des années noires du communisme comprend une période...

L’émission « Réflecteur » de la Télévision roumaine

Partenaire

Muzeul Național al Țăranului Român Muzeul Național al Țăranului Român
Liga Studentilor Romani din Strainatate - LSRS Liga Studentilor Romani din Strainatate - LSRS
Modernism | The Leading Romanian Art Magazine Online Modernism | The Leading Romanian Art Magazine Online
Institului European din România Institului European din România
Institutul Francez din România – Bucureşti Institutul Francez din România – Bucureşti
Muzeul Național de Artă al României Muzeul Național de Artă al României
Le petit Journal Le petit Journal
Radio Prague International Radio Prague International
Muzeul Național de Istorie a României Muzeul Național de Istorie a României
ARCUB ARCUB
Radio Canada International Radio Canada International
Muzeul Național al Satului „Dimitrie Gusti” Muzeul Național al Satului „Dimitrie Gusti”
SWI swissinfo.ch SWI swissinfo.ch
UBB Radio ONLINE UBB Radio ONLINE
Strona główna - English Section - polskieradio.pl Strona główna - English Section - polskieradio.pl
creart - Centrul de Creație Artă și Tradiție al Municipiului Bucuresti creart - Centrul de Creație Artă și Tradiție al Municipiului Bucuresti
italradio italradio
Institutul Confucius Institutul Confucius
BUCPRESS - știri din Cernăuți BUCPRESS - știri din Cernăuți

Affiliations

Euranet Plus Euranet Plus
AIB | the trade association for international broadcasters AIB | the trade association for international broadcasters
Digital Radio Mondiale Digital Radio Mondiale
News and current affairs from Germany and around the world News and current affairs from Germany and around the world
Comunità radiotelevisiva italofona Comunità radiotelevisiva italofona

Diffuseurs

RADIOCOM RADIOCOM
Zeno Media - The Everything Audio Company Zeno Media - The Everything Audio Company