Une très belle tradition, une occasion pour laquelle nous préparons des gâteaux de Sântoader, faites en pâte à pain
Nous nous rendons aujourd'hui dans le sud-est de la Transylvanie, dans le département d' Hunedoara, dans le comté de Hațeg, un lieu à l'empreinte historique et ethnographique marquée, respectueux des coutumes traditionnelles. C'est là bas que se trouve le « Géoparc des dinosaures de la contrée de Haţeg », classé au patrimoine de l'UNESCO, qui met à l'honneur la culture et les valeurs locales.
Un tel exemple de traditions est « Însoţitului de Sântoader » (l'accompagnement de Sântoader) , développé récemment par l'Association des femmes de Sântămăria Orlea, en partenariat avec le Géoparc. Silvia Szakacs Mikes, présidente de l'association nous donne de plus amples informations :
« La plus part de nos projets ont été mis sur pied en partenariat avec le Géoparc. Ce dernier permet de catalyser les énergies et de promouvoir tout ce qui se passe dans la contrée de Haţeg, tout ce qui mérite d'être mis en avant sur le plan naturel ou culturel. L'un des objectifs du Géoparc est l'éducation. Celle-ci se fait dans un cadre organisé. Chaque école accueille un club de géo-explorateurs qui vont mettre en place de superbes projets tout au long de l'année. Cela permet aux enfants d'apprendre ce qu'est un géoparc, d'avoir des informations sur leur région, de prendre conscience de l'importance de la nature, mais aussi des patrimoines naturels et culturels. Apprendre à les connaître, d'une part, mais aussi à les mettre en valeur. L'un de ces projets était justement celui de « Însoţitul de Sântoader ». »
Silvia Szakacs Mikes, présidente de l'Association des femmes de Sântămăria Orlea nous explique en quoi consiste exactement cette coutume :
« C'est une coutume très ancienne, consacrée au bonheur des enfants, mais qui est en train de se perdre. Le terme « Însoţitul » veut dire « se lier d'amitié », mais c'est aussi un concours. Au cours des dernières années, nous avons réussi à redonner un souffle nouveau à cette tradition. De quoi s'agit-il exactement : c'est une très belle tradition, une occasion pour laquelle nous préparons des gâteaux de Sântoader, faites en pâte à pain, une pâte que l'on étire et que l'on tresse pour en faire des galettes. Elles se distinguent par leur croute en forme de fleur, faite elle aussi avec la pâte. Même si la pâte utilisée dans ce cas est un peu plus dense, car on y ajoute un peu plus de farine afin de pouvoir lui donner la forme désirée. On l'étire ensuite, avant de la couper, de l'enrouler et de la disposer sur les galettes. Après quoi on enfourne le tout, on fait cuire et lorsqu'elles sont prêtes on les garde jusqu'au dimanche matin, au moment de la célébration. Les fleurs en pâtes sont ensuite retirées des galettes avec soin, et sont ornées de fleurs, de violettes, de jacinthes, de perce-neiges, selon ce que l'on va trouver ce jour-là. Elles doivent être légères afin de pouvoir flotter sur l'eau. Cette célébration génère beaucoup d'énergie ! Les enfants sont absolument ravis. Vous devriez voir la joie irradier leurs visages, ils sont contents comme tout ! »
Comme chaque année, les enfants ont préparé ces galettes dans la joie et la bonne humeur. Ils ont pu les faire cuire chez les différents organisateurs, car il n'existe malheureusement plus de four à pain traditionnel. Après la cuisson, les enfants ont eu la joie de déguster les galettes. Les petits rouleaux de pâtes ornés de fleurs ont quant à eux été déposés sur un ruisseau, comme le veut la tradition. Silvia Szakacs Mikes nous donne les détails.
« C'est un peu comme un concours. On dépose les rouleaux de pâte sur une planche ou un battoir à linge, puis on les coule. Ceux qui remontent à la surface gagnent ! on les appelle les « grands maris ». Il y a de quoi être fier ! Mais d'autres aiment aussi suivre les rouleaux le long du cours d'eau, c'est comme une course, la position des rouleaux change en fonction du cours de l'eau. Nous avons réussi à transmettre aux enfants l'art de préparer ces rouleaux. Ils mettent la main à la pâte dès le début. Ils apprennent à lever la pâte, à la pétrir, et à fabriquer seuls les petits rouleaux. Ca les rend très heureux ! Pour moi c'est une expérience extraordinaire, nous parvenons à leur transmettre ces traditions, pour qu'ils puissent un jour les transmettre à leur tour, je suis certaine qu'ils en auront envie. C'est aussi une joie de faire cette activité ensemble, cela créée du lien. Je me souviens de ma grand-mère, qui, jusqu'à un âge très avancé, continuait à appeler « ma femme » ses amies qu'elle côtoyait depuis l'enfance. C'est une coutume formidable qui mérite d'être perpétuée. »
L'enfant dont le rouleau de pâte voyage le plus vite sur le ruisseau est appelé « le grand mari » ou « la grande épouse ». Mais la première obligation des vainqueurs pour honorer leur titre est d'offrir aux autres enfants du jus de fruits et des friandises ou des gâteaux. On dit même que les amitiés forgées pendant la fête de Sântoader durent toute la vie.
Notre interlocutrice nous a raconté qu'elle avait elle-même participé à des festivités similaires dans son enfance. Et que la seule différence entre les fête d'autrefois et celles d'aujourd'hui, c'est que les enfants sont maintenant moins nombreux dans les villages. La joie reste immense malgré tout, et il est possible de partager ces traditions avec les plus petits, qui, il faut l'espérer, auront eux aussi envie de les partager plus tard avec les générations futures. (Trad : Charlotte Fromenteaud)
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