Dans un monde qui change à toute vitesse, les professions ne cessent d'évoluer et de s'adapter aux nouvelles réalités.
Les avancées technologiques ne manquent pas de pousser encore
davantage cette évolution. Beaucoup de métiers pénibles, à caractère répétitif,
tendent à disparaître, s'ils n'ont pas déjà été jetés aux oubliettes depuis
belle lurette. Les spécialistes en robotique, en cybernétique, en intelligence
artificielle, les créateurs d'espaces virtuels et les développeurs de
programmes semblent avoir, eux, le vent en poupe. Mais les métiers des services
à la personne, les professions médicales, les physio et les kinésithérapeutes
semblent avoir de beaux jours devant eux. A l'avenir, sans doute les créateurs de chatbox, ces agents
conversationnels dont nul ne pourra plus se passer, les managers des magasins
intelligents, les chirurgiens de la mémoire, les développeurs des énergies
alternatives, les pilotes de navettes spatiales et les cliniciens de l'espace,
les juristes spécialisés en éthique de la génétique ou en droit de
l'intelligence artificielle, figureront peut-être en tête de liste des
chasseurs de têtes. Tout comme les techniciens des énergies renouvelables, les
spécialistes des exploitations minières en eaux profondes, les professeurs
virtuels, les maîtres des technologies de l'assistance, les ingénieurs
spécialisés en matériaux plastiques régénérables ou encore les formateurs à la
survie en conditions extrêmes. Tous ces métiers et bien d'autres encore ont été
mis à l'honneur lors de la 5e édition du Guide des métiers de
l'avenir, organisée par l'Initiative pour la compétitivité, INACO.
Quoi qu'il en soit, une chose est sûre : la crise d'une main d'œuvre suffisamment qualifiée n'a fait qu'accéléré un processus d'automatisation déjà bien enclenché dans bon nombre de domaines, depuis les forces armées jusqu'à la médecine, en passant par le maintien de l'ordre public, l'agriculture et les services. Aujourd'hui déjà, l'on peut rencontrer des robots qui ont remplacé les soldats sur les champs de bataille, les technologies invasives en chirurgie, les caissières des supermarchés, voire les serveurs dans la restauration rapide. Le travail et les capacités de l'humain sont souvent complétés à bon escient par des dispositifs intelligents, dotés d'une grande capacité d'analyse, comme l'affirme sur nos ondes Andreea Paul, présidente d'INACO.
Andreea Paul : « Nous sommes aujourd'hui invités à devenir ami avec des technologies de plus en plus complexes, avec des appareils de plus en plus miniaturisés. Nul métier ne peut plus faire fi de la technologie. Prenez l'avocature, et ses programmes spécialisés dans l'analyse législative de différents systèmes de droit. Prenez la robotique et l'imagerie médicale, qui nous évitent des interventions médicales invasives, fastidieuses et hasardeuses, réduisant de manière conséquente le temps de récupération à la suite d'une intervention. Prenez la télémédecine, qui permet au médecin basé au Royaume-Uni par exemple d'ausculter son patient qui se trouve en Afrique du Sud. Prenez encore la criminalistique, et le cas du premier criminel identifié au Royaume-Uni, en 2017, par l'intelligence artificielle, sur la seule base des informations fournies par des témoins. Et là, l'on parle de maintenant, d'aujourd'hui, des technologies déjà utilisées, et qui sont en train d'améliorer notre quotidien ».
L'engouement pour la technologie ne manquera cependant pas de faire naître d'autres formes de troubles dépressifs, d'autres maladies et, a fortiori, des thérapies et des thérapeutes censés pouvoir les aborder efficacement. Tels les thérapeutes spécialisés en matière de « détoxification technologique », par exemple.
Par ailleurs, l'utilisation des drones dans l'agriculture appelle à la formation du « fermier digital », capable de coordonner le déplacement des drones censés recueillir des données au sol, offrir des informations sur l'état des plantes, l'apparition des maladies, le déficit en eau ou en nutriments du sol. Ces mêmes drones peuvent d'ailleurs répandre des traitements appropriés sur les cultures. Andreea Paul est résolument optimiste, car l'histoire nous montre, dit-elle, que toute nouvelle révolution industrielle apporte davantage de postes de travail qu'elle n'en supprime.
Andreea Paul : « Ces technologies intelligentes, qu'il s'agisse des programmes ou des robots, prennent en charge le travail humain, le travail répétitif notamment. Nous, en revanche, nous conservons l'intelligence, la créativité. C'est nous qui allons les concevoir, les réparer, les améliorer. Certes, la réticence au changement, la méfiance sont dans la nature humaine. Nous ne sommes pas tous des lumières en matière de technologie. Il y a des leaders dans le domaine, ceux qui créent les technologies, et puis les usagers, qui les utilisent. Mais il existe effectivement un risque de nous retrouver devant une catégorie de gens difficilement employables. Yuval Harari en parlait déjà en 2013, et proposait comme solution le revenu minimum garanti. Le débat autour de ce sujet a déjà lieu, non seulement au niveau de l'UE, mais aussi à travers le monde. L'idée de mettre un impôt sur les robots persiste. Et il est probable que la génération de nos enfants le fasse. Et puis, d'autres métiers apparaîtront, tels que les avocats spécialisés dans le droit des robots, car ces derniers seront des acteurs sur le marché de travail ».
Une chose est sûre : le progrès ne s'arrêtera pas de sitôt, et l'on sera bien tenu de s'y adapter, conclut encore Andreea Paul. (Trad Ionut Jugureanu)
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