Les syndicalistes roumains étaient présents à Strasbourg pour participer au rassemblement de clôture de la campagne pour une Europe équitable dans le domaine des transports lancée par la Fédération européenne des travailleurs des transports.
Plus de 300 transporteurs de Roumanie, aux côtés de leurs collègues de Bulgarie, Lituanie et Pologne ont protesté, mercredi, devant le Parlement européen de Strasbourg. Ils ont réussi à déclencher le renvoi du paquet législatif mobilité à la commission Transport, alors qu'il était sur le point d'être voté par le Parlement européen. Le président du parlement, Antonio Tajani, a estimé que le nombre d'amendements sur le texte était trop important pour permettre un vote efficace en plénière. Les syndicalistes est-européens ne sont pas d'accord avec la règle du détachement des conducteurs de camions qui prévoit « salaire égal à travail égal au même endroit » ou avec l'obligation pour les routiers de retourner dans leur pays pour le repos mensuel. Ces mesures seraient discriminatoires pour les chauffeurs qui vivent aux extrémités de l'Union, ainsi que pour les compagnies des pays les plus pauvres d'Europe, qui ne peuvent nullement payer des salaires aussi élevés qu'en Europe de l'Ouest.
Árpád Szántó, secrétaire général de l'Association patronale Europa 2002 d'Arad, dans l'ouest de la Roumanie, estime que ce paquet législatif comprend des mesures qui limitent le transport routier au niveau européen : « C'est très bien ce qui s'est passé, qu'on ait pu arriver à ce résultat. C'est extraordinaire pour le moral de l'industrie des transports de Roumanie que le paquet mobilité n'ait pas été voté. Les collègues de l'ouest de l'Europe ont fait preuve d'une mobilisation exemplaire, ils ont attendu le dernier moment et le paquet législatif aurait probablement été voté tel quel par le Parlement européen. Il faut préciser que nous avons mis beaucoup de pression sur les eurodéputés et que l'ajournement de ce vote est une victoire extraordinaire. La commission TRAN est mise dans la situation impossible de débattre les quelque 1.600 amendements déposés et de les présenter en séance plénière du Parlement européen. »
Présent au rassemblement de Strasbourg, l'eurodéputé du Parti social démocrate, Dan Nica, considère que les pays ouest-européens essayent d'éliminer la compétition des compagnies est-européennes pour augmenter leurs bénéfices : « On souhaite laisser de côté les sociétés roumaines de transport, obliger les gens à partir au chômage et qu'uniquement ceux de l'ouest de l'Europe bénéficient des bienfaits de l'économie de marché. Laissons les discours populistes et les slogans de côté, il n'y a qu'une seule la vérité : vous voulez nous sortir du marché des transports. Vous ne voulez pas payer pareillement les transporteurs roumains. C'est pour cette raison que les gens sont ici, dans la rue, et que nous sommes à leurs côtés. »
L'eurodéputé libéral, Marian-Jean Marinescu, a expliqué comment les eurodéputés des pays est-européens ont déposé des centaines d'amendements pour bloquer le vote : « L'actuelle mouture du paquet mobilité ne répond pas aux attentes des transporteurs des pays sis aux frontières extérieures de l'Union, y compris de Roumanie. Nous avons déposé beaucoup, beaucoup d'amendements, suivant les règles de procédure, justement pour bloquer ce vote en plénière. C'est toujours nous qui les débattrons et voterons, mais nous ferons en sorte de soutenir les amendements qui respectent les demandes des transporteurs roumains. »
La protestation de Strasbourg a été organisée par la Fédération européenne des travailleurs des transports, qui compte des membres dans 41 pays. Elle visait, par ailleurs, à montrer l'unité, la solidarité et le pouvoir du mouvement syndical européen. (Trad. Elena Diaconu)
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