Voici quelques moments-clé de l'année artistique et culturelle 2022 en Roumanie.
Après 2 années lorsque les salles de théâtre et de cinéma ont fermé leurs portes ou ont fonctionné avec un minimum de public et de spectacles, 2022 a été une véritable bouffée d'oxygène pour le milieu artistique roumain. Les salles de théâtre et de cinéma ont rouvert, les festivals et les concerts en tout genre ont redémarré, les foires aussi et les musées ont pu retrouver leurs visiteurs.
La 21e édition du Festival international du Film Transilvania a eu lieu du 17 au 23 juin à Cluj-Napoca, sous le slogan « Make Love, Not War ! », marquant un nouveau record dans l'histoire de cet événement. Les 200 films venus de 55 pays ont attiré devant le grand écran plus de 100 000 spectateurs. A l'affiche, entre autres, « Miracle », réalisé par Bogdan George Apetri, avec Ioana Bugarin comme protagoniste - c'est le film qui a remporté le prix du meilleur long-métrage de la section Les Journées du Film Roumain. Le prix du meilleur Début de la même section a été attribué à Alina Grigore, réalisatrice du film « Crai Nou », une pellicule récompensée en 2021 du Grand Prix du Festival de San Sebastian. Enfin, le film roumain le plus voté et donc récompensé du Prix du Public en 2022 a été « La chèvre et ses trois chevreaux » (The goat and her three kids), soit le début du réalisateur Victor Canache.
Toujours en début d'été, quelques milliers de personnes ont visionné les projections des quelque 70 films proposés par le Festival One World Romania, arrivé à sa 15e édition. A part les projetions, ce festival international du film documentaire sur les droits de l'homme, a proposé de nombreux autres événements - concerts, débats, rencontres avec les professionnels du cinéma. Qui plus est, une vingtaine d'ONG ont rejoint le festival y organisant des débats avec le public. En collaboration avec DocuDays UA, ce festival a mis en avant notamment la responsabilité du cinéma face à la guerre russe en Ukraine.
Puis, l'automne venu, le déjà traditionnel festival du film documentaire Astra Film Fest a eu lieu du 9 au 16 octobre 2022, à Sibiu, en Transylvanie. Ici, le jury a récompensé la production de Cătălina Tesăr et Dana Bunescu « Le bocal. Sur les fils et les filles » du prix du meilleur film de la Section « Roumanie » notamment pour « sa virtuosité stylistique, l'ampleur de la recherche et la profondeur de l'effort anthropologique. Pour sa capacité de créer une histoire dramatique et émouvante sur la famille et la condition de la femme. Pour avoir exploré les valeurs d'une culture oscillant entre la modernité et la tradition. » De même, le jury de la section « Voix émergentes » a remis son prix du meilleur film de non-fiction à « Apropierea »/«Le rapprochement » créé par Botond Püsök. « Le film présente une héroïne qui lutte pour l'unité de sa famille, alors que sa vie brisée par un stigmatisation qu'elle ne peut pas éviter d'intérioriser, malheureusement. Un film qui utilise les astuces cinématographiques les plus simples pour ramener à l'écran une histoire terrifiante sur la survie ». Pour mieux comprendre, la protagoniste, Andrea, tente de se créer une vie plus sûre pour elle-même et pour ses enfants, après que son ancien partenaire abusif arrive derrière les barreaux. Toutefois, ses efforts sont mis à dure épreuve par la petite communauté transylvaine dont elle fait partie, qui défend son ancien partenaire.
Les films n'ont pas été les seuls mis à l'honneur cette année. Les livres l'ont été aussi, tout d'abord en début d'été grâce au salon Bookfest de Bucarest et puis début décembre, grâce à la Foire du livre Gaudeamus, organisée par Radio Roumanie. De retour au salon d'expositions Romexpo, dans le nord de la capitale, après deux éditions en ligne en raison de la pandémie, Gaudeamus a réuni en 2022 quelque 200 participants qui ont proposé plus de 600 événements - lancements de livres, débats, rencontres avec les auteurs, concours d'essais pour les lycéens et ateliers pour enfants et autres activités en lien avec les livres et la lecture.
Et on ne saurait terminer cette rétrospective sans vous faire quelques recommandations de films roumains vivement appréciés en 2022.
La pellicule « R.M.N» de Cristian Mungiu a été longuement applaudie à Cannes, après sa première mondiale. « C'est probablement le film le plus politique et le plus polémique que j'aie jamais fait, mais il faut dire en même temps qu'il ne fait pas référence uniquement à la société roumaine », a déclaré le réalisateur lui-même. Autre succès roumain à Cannes : « Métronome », le long-métrage de début d'Alexandru Belc, récompensé du prix de la meilleure réalisation de la section Un certain regard. Placé dans la Roumanie des années '70, le film présente un groupe de lycéens, fans de l'émission musicale Métronom de Radio Free Europe, qui décident d'envoyer une lettre à son animateur.
Mais c'est un autre film qui a été choisi pour représenter la Roumanie aux Oscars 2023, dans la compétition au titre du meilleur long-métrage international : « Immaculé » de Monica Stan et George Chiper-Lillemark, une production déjà primée au festival de Venise et au Festival international du film Transilvania - TIFF - de Cluj-Napoca, pour ne citer que deux de ses participations.
Enfin, à ne pas rater non plus, « Men of deeds » (Oameni de treaba), une comédie noire signée par Paul Negoescu, qui a déjà participé à 17 festivals et a été récompensée, entre autres, en Belgique - du Prix spécial du Jury au Festival international du film Francophone de Namur, et en France - du prix « Golden Atlas » du festival international du film d'Arras. C'est, en deux mots, l'histoire d'un policier de campagne devant prendre une décision cruciale, une « immersion totale dans le monde rural » de Roumanie et « peut-être une de meilleures interprétations qu'on ait vues récemment dans le cinéma roumain », selon le site cineuropa.org
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