Quatrième producteur de miel sur l’ensemble de l’UE, la Roumanie est la dernière en Europe pour ce qui est de la consommation de miel par habitant...
L’apiculture, qui a une riche tradition en Roumanie, a connu un essor important ces dernières années. Ceux qui montent une affaire dans ce domaine savent très bien qu’ils n’ont pas besoin d’un investissement substantiel au départ et que les sommes dépensées seront amorties sur deux ans. On peut commencer avec 5 à 10 familles d’abeilles, soit un investissement de près de 1500 euros. Une famille d’abeilles produit 20 à 25 kilos de miel. Dans le cas des apiculteurs professionnels, le profit peut atteindre les 70 à 80 lei par famille d’abeilles. Quatrième producteur de miel sur l’ensemble de l’UE, après l’Allemagne, la France et la Hongrie, la Roumanie occupe la 7e place en Europe pour ce qui est du nombre de familles d’abeilles et compte plus de 40 mille apiculteurs.
Hormis le miel de bonne qualité, on trouve sur le marché roumain du miel local mélangé avec du miel importé notamment de Chine et d’Amérique latine, mais vendu en tant que produit du terroir, explique Ioan Fetea, président de l’Association des éleveurs d’abeilles: « L’Association des éleveurs d’abeilles, qui, dès sa création, en 1958, veille au développement de l’apiculture, réussit à sauvegarder la tradition dans ce domaine. On recense quelque 22 mille apiculteurs, qui détiennent plus de 1,5 millions de familles d’abeilles. Nos préoccupations constantes visent surtout à assurer un cadre législatif approprié et à accroître la consommation de miel par habitant, d’autant plus qu’à ce chapitre la Roumanie occupe la dernière place parmi les pays d’Europe, avec moins de 500 grammes par an. Une quantité largement inférieure à celle enregistrée dans les pays nordiques, ou bien en France et en Italie, où la moyenne annuelle par habitant est de 2 à 3 kilos. Pourtant, depuis une dizaine d’années, on assiste en Roumanie aussi à une tendance à la hausse de la consommation de miel. Nous espérons qu’elle se maintiendra, car ce serait dommage de ne mettre à profit que la moitié de la production nationale. L’autre moitié est exportée, car le miel roumain a une qualité extraordinaire, reconnue et médaillée à tous les salons auxquels nous participons. J’espère que d’ici 15 à 25 ans la consommation sera telle que non seulement le miel local ne sera plus exporté mais qu’il nous faudra même en importer pour satisfaire la demande interne. »
En Roumanie, l’apiculture est favorisée par un climat plutôt doux – entre mars et octobre, c’est un véritable paradis pour les abeilles. S’y ajoutent les vastes superficies couvertes de différentes plantes mellifères : forêts de tilleul et d’acacia, arbres fruitiers et champs de tournesol. La Roumanie est reconnue comme un important pays producteur de miel écologique. Elle compte plus de 100 mille colonies d’abeilles autorisées et en période de conversion, et produit 3 – 4 mille tonnes de miel bio par an.
Selon les spécialistes, le potentiel apicole de la Roumanie serait beaucoup plus grand, surtout que le miel, produit dans les zones de montagne et collinaires ainsi que dans le Delta du Danube, d’où provient un quart de la production totale de miel, est naturel même s’il n’est pas certifié comme écologique, car on n’y a pas utilisé de pesticides, d’engrais chimiques ou d’antibiotiques dans le traitement des colonies d’abeilles. Ce qui est d’ailleurs une des conditions imposées par l’UE pour exporter du miel. Ioan Fetea: « La Roumanie exporte entre 10 et 12 mille tonnes de miel par an notamment vers les Etats-Unis, l’Europe, les pays arabes et le Japon. C’est l’Allemagne qui est le plus grand importateur et bénéficiaire de la production de miel roumain. Grâce à son potentiel économique, l’Allemagne traite ce miel, le mélange avec du miel provenant d’autres Etats et l’exporte, à son tour. L’Europe, qui est un grand consommateur de miel, produit près de 200 mille tonnes par an et en consomme le double. »
Les apiculteurs roumains bénéficient d’une aide financière par le biais du Programme apicole national. 20 millions d’euros ont été versés entre 2014 et 2016. Pour cette année, le gouvernement a approuvé un fond de 30 millions d’euros: « L’aide financière à l’apiculture est accordée par l’intermédiaire du Programme apicole national. Les sommes sont utilisées pour des traitements anti-varroa, des analyses physiques et chimiques, pour l’achat de matériel biologique, de colonies d’abeilles, de reines, de caisses pour remplacer celle qui se cassent lors du transport à proximité des plantes mellifères, ainsi que pour l’assistance technique nécessaire. S’y ajoutent les autres fonds européens destinés aux petites fermes ou aux jeunes fermiers. Les critères d’éligibilité pour bénéficier de ces fonds sont devenus très stricts, ces dernières années. On nous conseille de créer des exploitations mixtes, associant, à l’apiculture, la pomoculture ou l’élevage du bétail. »
Plus de 2.700 de fermiers de moins de 40 ans ont bénéficié de sommes allant jusqu’à 25.000 euros accordés par l’UE pour démarrer des affaires dans le domaine de l’agriculture. Un quart de ces fermiers ont choisi d’investir dans l’apiculture. Par le biais du nouveau Programme National de Développement Rural 2014-2020, les jeunes fermiers pourront obtenir de fonds européens non-remboursables allant jusqu’à 50 mille euros, pour démarrer une affaire. (trad.: Mariana Tudose)