Le ministre autrichien de l'lntérieur, Gerhard Karner, affirme à Bucarest que la Roumanie a des chances, mais qu’elle a encore un long chemin à parcourir avant d’entrer dans l’espace Schengen.
L'Autriche est l'un investisseurs étrangers les plus importants de Roumanie, avec des investissements estimés, en 2021, à un total de plus de 12 milliards d'euros. Cependant, elle est également le seul État-membre de l'Union européenne franchement opposé à l'adhésion de la Roumanie à l'espace Schengen de libre circulation des personnes et des biens. Ni Bucarest, ni Bruxelles ne peuvent comprendre cette position négative.
Lors du dernier Conseil Justice et des Affaires Intérieures (JAI), en décembre dernier, le représentant de Vienne s'était opposé à l'entrée de la Roumanie dans l'espace Schengen. Il a pourtant ignoré des informations remontant à 2011, selon lesquelles le pays remplissait toutes les conditions techniques nécessaires pour faire partie du club des États sans contrôles douaniers. Une attitude « regrettable et injustifiée » - a réagi le président roumain Klaus Iohannis à ce moment-là.
Pour sa part, la commissaire européenne aux Affaires Intérieures, Ylva Johansson, a souligné que l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l'espace Schengen resterait sa priorité et qu'elle était déterminée à y parvenir en 2023. La cheffe de la Commission européenne aussi, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil, Charles Michel, ont déclaré qu'ils attendaient des progrès en ce sens.
En visite,mercredi, à Bucarest, le ministre autrichien des Affaires Intérieures, Gerhard Karner, a pourtant annulé tout optimisme. Il a soutenu que la Roumanie avait fait des progrès très importants dans la lutte contre la migration clandestine, mais il restait encore un long chemin à parcourir avant d'avoir une protection efficace des frontières de l'Union européenne. L'adhésion à l'espace Schengen n'est pas seulement un souhait, mais un droit - lui a répondu son homologue roumain Lucian Bode. A son avis, il n'est pas normal que la Roumanie n'assume que des obligations, sans bénéficier des droits qui lui sont dus.
Lucian Bode : « J'ai fait savoir au ministre Karner que le processus d'adhésion de la Roumanie à l'espace Schengen devait être achevé en 2023. Conformément à l'idée européenne d'un espace sans contrôles aux frontières intérieures, l'adhésion à Schengen n'est pas seulement un désir de la Roumanie, mais c'est un droit établi dans les traités pour tous les États membres. En ce qui concerne les décisions prises aujourd'hui, nous nous sommes mis d'accord sur un plan d'action pour empêcher la migration illégale. Ainsi avons-nous signé trois documents de coopération. »
Les accords signés à Bucarest portent sur la lutte contre les guides des migrants illégaux et les abus en matière d'asile, ainsi qu'un plan d'action commun de lutte contre la migration clandestine sur la route de la Méditerranée orientale. Le plan prévoit, entre autres, l'envoi de policiers roumains au ministère autrichien des Affaires Intérieures ou l'envoi de personnel autrichien à la frontière roumano-hongroise de Nădlac. (trad. Andra Juganaru)
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