Le commerce international de la Roumanie est centré sur l'UE, avec plus de 72% des exportations et à près de 70% d'importations, mais dont l'état de santé laisse à désirer, ce qui ne manquera pas d'entraîner des conséquences négatives sur l'état de santé
L'année 2023 a débuté plutôt sous de mauvais auspices. Les institutions financières internationales ont averti sur le risque de l'entrée en récession de plusieurs économies importantes. Même en l'absence de toute mauvaise surprise, la croissance mondiale devrait ralentir sérieusement cette année, à cause de l'effet conjugué de l'accroissement de principaux taux directeurs, censé empêcher l'envolée de l'inflation, la dégradation des conditions financières et les effets de la guerre en Ukraine. La Banque mondiale exige des mesures censées atténuer les risques induits par la baisse de l'activité économique et les charges de la dette auxquels sont confrontés les économies émergentes. Dans une récente interview passée sur la chaîne CBS, la directrice-générale du FMI, Kristalina Georgieva, affirme s'attendre à l'entrée en récession d'un tiers de l'économie globale et d'une croissance chinoise en berne, pour la première fois depuis 40 ans en-deçà de la moyenne globale, ce qui en dit long. Kristalina Georgieva :
« Pour la majeure partie de l'économie globale, ce sera une année difficile, plus difficile que la précédente. Et cela parce que les trois principaux ensembles de l'économie mondiale, à savoir les Etats-Unis, l'UE et la Chine, ralentissent simultanément. Les Etats-Unis semblent les plus résilients du trio, et ils pourraient éviter la récession. L'on constate notamment la résilience de leur marché de travail. Mais cela fait que, à cause de cela, la Réserve fédérale est forcée de maintenir ses taux directeurs élevés sur le long terme, pour juguler l'inflation. L'UE a été quant à elle durement frappée par les conséquences de la guerre en Ukraine. La moitié des Etats européens entrera en récession. L'économie chinoise va poursuivre sa décélération, et il est à prévoir une année compliquée pour ce pays, ce qui ne manquera pas d'entraîner des conséquences au niveau global. Et puis, lorsque l'on regarde du côté des marchés émergents, la situation est encore pire. Ces Etats sont impactés par la hausse des taux directeurs et du dollar américain. Ces économies vont en souffrir. »
Selon la cheffe du FMI, la croissance mondiale s'établira cette année à 2,7%, à rapporter à 3,2% de l'année précédente. Pour ce qui est de la Roumanie, les spécialistes tablent sur une croissance de 2,8% cette année, alors qu'en 2022, la croissance du PIB avait dépassé la barre des 5%. Invité sur les ondes de Radio Roumanie, l'économiste et professeur des universités Mircea Coşea explique
« La croissance roumaine est fondée sur la dynamique du secteur des services, sur la consommation et, dans une moindre mesure, sur l'agriculture. Néanmoins, selon une étude récente de l'université Howard, la Roumanie serait 19e en termes de diversification et modernisation de l'économie. Mais ces résultats me semblent un peu trop optimistes. Il est difficile d'affirmer que la Roumanie fait partie du peloton des économies développées, alors que le pouvoir d'achat a baissé de manière constante tout au long de l'année précédente. Et puis, l'on doit selon moi affronter deux défis majeurs : le déficit de la balance courante et le déficit commercial. La réalité est que l'économie roumaine devrait se réformer rapidement, pour qu'elle s'avère capable d'affronter avec succès les défis de différentes natures qui secouent l'économie mondiale. »
L'année 2023 verra l'apparition de nouveaux acteurs globaux, telle l'Inde, croit savoir le professeur Mircea Cosa. Par ailleurs, la balance semble incliner du côté des Etats-Unis, du moins pour l'instant, dans la guerre économique qui les opposent au géant asiatique, la Chine. Enfin, les Etats qui disposent de ressources naturelles semblent pouvoir tirer leur épingle du jeu, et pourront davantage profiter de l'actuel contexte économique. Et la Roumanie dans tout cela ? Mircea Cosa :
« Chez nous, le volume des importations explose. La production interne, même dans des domaines où l'on devrait pouvoir performer, tel l'industrie alimentaire, marque le pas. L'Etat encourage peu les mesures de réforme et de restructuration qui devrait avoir lieu au sein du secteur privé de l'économie réelle. Les mesures fiscales prises, l'ensemble des taxes et les impôts, sont décourageants à cet égard. L'économie roumaine, exsangue, devrait malgré tout se retrouver face à deux défis de taille. Le premier c'est le défi externe. La croissance européenne est en berne, confrontée à des problèmes chroniques et, surtout, au déficit en termes d'énergie et de matières premières. Et puis, sur le plan interne, si la Roumanie prend certaines mesures sociales pour atténuer le choc de la crise, elle manque de vision, ce qui n'aide en rien le secteur privé, et n'aide pas à l'essor de l'économie réelle. »
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