L'historienne Delia Roxana Cornea, autrice d'un livre consacré aux « Résidences royales à la mer Noire. Les villas de rêve des reines de Roumanie », y décrit en détail les quatre résidences des souverains roumains, dont le Palais royal
La dynastie de Hohenzollern a placé la Roumanie sur la carte de la modernisation lors de l'avènement au trône du prince Carol en 1866. Les grands succès politiques internes, tels l'adoption de la Constitution de 1866, et internationaux, tels l'indépendance d'État en 1878, la proclamation du royaume en 1881 et la connexion avec le système économique européen, ont jeté les bases du développement. Parmi les secteurs de l'économie qui connaissent un grand essor, le tourisme occupe une place de choix. La construction des châteaux de Peleș et de Pelișor a marqué la naissance et le développement de la ville de Sinaia et des stations de montagne de la Vallée de la Prahova. Mais la famille royale de Roumanie a également eu une contribution essentielle au développement du tourisme littoral, à la mer Noire. Rattachée à l'État roumain en 1878, la Dobroudja ouvre la Roumanie vers cette mer et donne aux Roumains le goût du voyage. L'historienne Delia Roxana Cornea, autrice d'un livre consacré aux « Résidences royales à la mer Noire. Les villas de rêve des reines de Roumanie », y décrit en détail les quatre résidences des souverains roumains, dont le Palais royal.
« Il a été bâti entre 1905 et 1906, d'après les plans de l'architecte français Pierre Louis Blanc. La résidence a été inaugurée à l'automne de l'année 1907, lorsque le roi Carol I avait commandé et cordonné pour la première fois des manœuvres militaires en Dobroudja. Peu de temps après, les habitants de Constanţa, par la voix d'Anghel Saligny, sur la proposition du roi, ont offert à la reine Elisabeta, connue comme la poétesse Carmen Sylva, un petit pavillon érigé sur la digue du port. Le pavillon, devenu plus tard le nid de la reine Elisabeta, accueillait, au moins jusqu'en 1914, la fine fleur des intellectuels de la ville, lors de soirée littéraires, déroulées sous le patronage de la reine elle-même. »
On dit que les murs ont leur propre mémoire, ce qui est vrai aussi pour le Palais royal, ouvert à d'importants invités, raconte. Delia Roxana Cornea.
« Les deux résidences ont été les témoins d'un événement particulier de l'histoire de la ville de Constanţa - la visite du tsar Nicolas II. Les photos des deux familles - impériale de Russie et royale de Roumanie, ensemble dans le pavillon de la digue du port de Constanța, sont bien connues. Malheureusement, la période difficile de la Grande Guerre et surtout l'occupation bulgaro-allemande de la ville et de la Dobroudja, entre 1916 et 1918, ont fortement endommagé ces résidences royales. »
Après 1918, lorsque tout a changé, l'ancien palais royale changeait aussi d'utilisation, tout en gardant les armoiries de la monarchie roumaine et rendant hommage à la politique visionnaire des deux souverains roumains, Ferdinand I et Marie, les personnalités centrales du nouveau monde roumain, indique l'historienne Delia Roxana Cornea.
« Après la guerre, le vieux Palais royal accueille la Cour d'appel de la ville de Constanța. La Municipalité offre au roi Ferdinand et à la reine Marie, « en souvenir des lourdes années d'occupation et aux parents de la patrie », plusieurs hectares de terrain au centre de la station de Mamaia. C'est le moment qui place effectivement la station sur la carte touristique du pays. Dans les années qui ont suivi, toute famille aisée souhaitait se faire construire une maison de vacances à Mamaia. La résidence royale, construite entre 1924 et 1927, était composée de deux bâtiments : le Palais royal, pour toute la famille, et un petit pavillon, dont la construction a été proposée par la reine Marie, qui voulait l'offrir au prince Mihai. Malheureusement, le roi Ferdinand n'a pas eu la chance d'utiliser cette résidence, car les travaux avaient prix fin au printemps 1927 et le roi est décédé en été. »
Le palais a été inauguré le 22 août 1927, en présence du petit roi Michel, âgé de seulement 6 ans. Pendant plusieurs années, le palais est visité par la famille royale et ses invités, dont la famille royale de Grèce, unie par des liens de parenté. Mais l'histoire de l'édifice allait changer, précise Delia Roxana Cornea.
« Regrettablement, l'histoire de cette résidence royale change après sa mise en vente en 1932, aux termes d'un accord entre la princesse-mère Hélène et son ex-mari, le roi Carol II. À partir de ce moment-là, le Palais royal se transforme, tout à tour, en base de l'hydro-aviation de Mamaia, sous le régime communiste d'abord en maison de vacances pour les travailleurs et puis, en 1970, en Club Neckermann pour les touristes allemands. Le rapport justifiant le projet affirmait que l'endroit devait faire rentrer des devises étrangères, une place d'hébergement y coûtant à l'époque 13 dollars par jour. »
Après 1989, l'histoire du Palais royal de Mamaia a continué, mais ceux qui l'avaient remis en circulation l'ont mal entretenu. Le temps aidant, l'état de l'édifice s'est dégradée et il a fini par être abandonné. L'actuelle campagne de réhabilitation est porteuse d'espoir, les habitants de la ville de Constanţa espérant revoir le palais récupérer sa splendeur ancienne.
(Trad. Ileana Ţăroi)
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