La première centrale électrique à base de gaz a été inaugurée à Bucarest en 1882, alors que la première centrale hydro-électrique a été mise en fonction deux années plus tard, en 1884, dans la ville de Sinaïa.
Sujet ardu s'il en est, la production de l'électricité a constitué, depuis le début du 19e siècle, un enjeu de taille pour tous les États du monde. De nos jours cependant, l'urgence de la protection de l'environnement pose la question du choix technologique qui sous-tende la production de cette ressource tellement convoitée. Si l'essor de l'énergie renouvelable, enregistré ces dernières décennies, a été une lueur d'espoir pour tous ceux qui désirent concilier développement économique et protection de l'environnement, force est de constater, aujourd'hui, qu'en dépit de toutes les prouesses technologies accomplies dans la production de l'énergie verte, les technologies plus classiques de production demeurent toujours d'actualité.
A l'instar des autres États européens, la Roumanie avait à son tour suivi cette évolution technologique dans la production de son électricité. Depuis les centrales électriques qui tournent à base de charbon ou de mazout lourd et jusqu'aux centrales nucléaires, en passant par les centrales hydro-électriques et les technologies vertes, la Roumanie a diversifié ses capacités de production, au fil des années, pour essayer de répondre au mieux aux besoins de la consommation des ménages et de son économie. La première centrale électrique à base de gaz a été inaugurée à Bucarest en 1882, alors que la première centrale hydro-électrique a été mise en fonction deux années plus tard, en 1884, dans la ville de Sinaïa. Celle-ci était d'ailleurs censée alimenter en électricité le château royal d'été de Peleş, que le roi Carol Ier avait inauguré une année auparavant, dans cette belle petite ville touristique située dans la vallée de Prahova. Depuis lors, les centrales électriques ont essaimé dans le pays, pour la plus grande joie des villes et des villages, connectés ainsi aux bienfaits de la modernité.
Avec l'avènement du régime communiste après 1945, l'électrification du pays est devenue une préoccupation constante du régime, bénéficiant d'investissements conséquents. C'est ainsi qu'avait débuté en 1950 la construction du 4e plus grand barrage hydro-électrique d'Europe, à Bicaz, dans le nord du pays, à travers la rivière de Bistrița. La centrale sera mise en fonction 10 années plus tard, en 1960. La part de l'hydroélectrique dans le mix énergétique de la Roumanie passe ainsi de 1% au début des années 1960 à 12% au milieu des années 1970. Maxim Berghianu, ancien président de la Commission d'État pour la planification, avait été directement impliqué dans la mise au point de la stratégie énergétique de la Roumanie du milieu des années 60.
Interviewé en 2002 par le Centre d'histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, Maxim Berghianu mettait en exergue les atouts des centrales hydro-électriques : « Nous voulions mettre à profit le potentiel hydroélectrique de la Roumanie. Aussi, l'investissement de départ est fort important, mais la production de l'énergie demande ensuite peu de ressources. L'on peut se passer de combustible, et l'on produit une énergie bonne marché. L'amortissement de l'investissement se fait sur le long terme mais, une fois amorti l'investissement initial, le coût d'exploitation de la centrale est minime. »
Pourtant, et en dépit des progrès accomplis dans la diversification des sources d'énergie, la Roumanie avait poursuivi la production d'énergie à base de charbon. C'est pourquoi les charbonnages ont poursuivi leur essor durant toute la période communiste. Dès lors, construire des centrales à charbon à proximité des exploitations minières n'était qu'un choix rationnel et parfaitement logique, affirme Maxim Berghianu.
Maxim Berghianu : « Il y avait à l'époque d'âpres débats au sujet de la puissance fournie, du transport du charbon, et ainsi de suite. C'est pourquoi nous avons décidé d'installer des centrales électriques à proximité de l'exploitation de Rovinari, en Olténie. Il y avait des exploitations, souvent en surface, peu coûteuses et qui s'appuyaient sur des réserves de charbon solides. Extraire le charbon en surface était une aubaine, car cela nous épargnait de creuser des galeries en profondeur, des mines. »
Progressivement, les chantiers de construction des centrales hydro-électriques ont gagné les principaux cours d'eau du pays. Le barrage des Portes de Fer, construit avec la Yougoslavie, avait mis à profit la puissance du Danube. Des centrales hydro-électriques ont également été installées sur les rivières d'Argeş et d'Olt. Mais la centrale phare fut celle des Portes de Fer I. Le chantier, véritable prouesse technologique pour l'époque, débute en 1964, pour que la centrale soit inaugurée 8 années plus tard, en 1972. Mais la construction de l'ouvrage a mis à rude épreuve les populations riveraines. La vieille ville d'Orşova tout comme l'île danubienne d'Ada Kaleh ont été englouties par le lac d'accumulation. Au milieu des années 80 verra le jour une seconde centrale hydro-électrique danubienne, celle des Portes de Fer II, construite elle-aussi en collaboration avec l'État yougoslave.
Par ailleurs, à partir des années 1970, la Roumanie se tourne résolument vers la technologie nucléaire pour sa production d'énergie. Les plans de la centrale nucléaire de Cernavodă ont été esquissés au début des années 1980. 5 réacteurs construits selon une technologie franco-canadienne devaient voir le jour et couvrir à terme 20% des besoins en électricité du pays. Sur les 5 réacteurs initialement prévus, les deux premiers furent mis en fonction en 1996, respectivement en 2007. La construction des deux autres, débutée en 1984 et 1985, est toujours en cours. Les travaux au cinquième réacteur, débutés en 1987, ont été en revanche définitivement abandonnés. (Trad. Ionuţ Jugureanu)
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